Somalie, Saddam H.,: la haine de la démocratie

saddam_ex.jpgSaddam Hussein exécuté, les Irakiens semblent plus que jamais divisés. Les islamistes minables chassés de Mogadiscio par les troupes éthiopiennes, tout un pays s’embrase contre les « libérateurs ». Imposition de la démocratie…haine de la démocratie?

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saddam_ex.jpgSaddam Hussein exécuté, les Irakiens semblent plus que jamais divisés. Les islamistes minables chassés de Mogadiscio par les troupes éthiopiennes (autrefois ennemies des troupes somaliennes), tout un pays s’embrase contre les « libérateurs ». À croire que dans les deux cas de figure, l’imposition de la démocratie par les armes déclenche automatiquement ce que le philosophe Jacques Rancière appelle La haine de la démocratie (éd. La Fabrique, 2005), situation terrible où le « mot démocratie devient… à la fois l’euphémisme désignant un système de domination qu’on ne veut plus appeler par son nom et le nom du sujet diabolique qui vient à la place de ce nom effacé : un sujet composite où l’individu qui subit ce système de domination et celui qui le dénonce sont amalgamés. »

saddam-hanging.jpgPour le Président Bush, la pendaison de Saddam H., est un non événement. On peut en douter. Car de la même manière que le gouvernement somalien en exil a fait appel à l’ennemi d’hier pour retrouver le pouvoir perdu, de même autrefois l’ex dictateur irakien faisait appel à l’Amérique pour combattre l’Iran, qualifié d’islamiste, avant que la roue ne tourne. Il se peut alors, que demain, il soit plus facile de se trouver des alliés pour renverser un régime ou se maintenir au pouvoir. Il suffira de brandir, au choix un des deux alibis suivants : la menace islamiste ou la menace nucléaire. L’exécution de Saddam, comme l’entrée de l’armée éthiopienne en Somalie, chacun de ces actes obéissant à l’un des alibis cités, m’apparaissent comme des défis lancés à l’idéal démocratique, toujours à réinventer, à justifier. Une pendaison en régime démocratique est un non événement, cela s’explique, puisque l’Irak de Saddam et l’Amérique ont en commun de ne pas avoir aboli la peine de mort, un paradoxe au cœur des droits de l’Homme, autre invention à géométrie variable, me rétorquera-t-on. Qu’à cela ne tienne, mais qu’auraient décidé les juges de Bagdad si Saddam avait pris soin d’abolir la peine de mort sous son règne ?

BUI_Soldaat_in_een_s_80192a.jpgL’Irak « libéré » a sombré dans la guerre civile. La Somalie « libérée » n’a pas exorcisé pour autant le spectre du même fléau ; finalement, la démocratie serait-elle un système qui s’invente son propre modèle ?

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