SENGHOR :QUELLE POSTERITE?

dessin senghor3 .jpgIl aurait eu 100 ans cette année. Il n’y a que les vivants à fêter le virtuel, car j’ignore si Senghor eût aimé atteindre cet âge ingrat où la chair enferme l’esprit dans ses humeurs désagréables. Il n’a pas eu 100 ans, mais dans 100 ans, peut-être sera-t-il encore lu, Senghor, descendu en flèche, adulé…

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dessin senghor3 .jpgIl aurait eu 100 ans cette année. Il n’y a que les vivants à fêter le virtuel, car j’ignore si Senghor eût aimé atteindre cet âge ingrat où la chair enferme l’esprit dans ses humeurs désagréables. Il n’a pas eu 100 ans, mais dans 100 ans, peut-être sera-t-il encore lu, Senghor, descendu en flèche, adulé… car on a beau dire ce qu’on veut, cet homme fait partie de notre postérité, et avant de commencer par le vomir, peut-être devrions-nous faire l’effort de le lire… intégralement.

Oui, car le vrai problème est là, qui a jamais lu Senghor intégralement? En tout cas, pas moi, je confesse. J’ai sorti de la bibliothèque de Bordeaux, cette semaine, tous les tomes de ses « Liberté », et pour la première fois, j’ai eu le vertige devant la prolixité du poète et intellectuel sénégalais. On a pris l’habitude me dira, oh il y a beaucoup de déchet dans les essais de Senghor, pas dans sa poésie. Comme si le coeur qui s’épanche le fait en dehors de sa capacité à penser le monde. Senghor a tenté de penser l’être au monde du Noir esclavagisé puis colonisé, il l’a fait à la fois avec sa culture marxiste dialectique, ensuite chrétienne. La démarche, aux yeux des puristes et des radicaux ne fut pas assez révolutionnaire. C’est, me semble-t-il, ignorer que Senghor n’était pas le maire d’un département français, ni un Amilcar Cabral, mais un homme avançant avec l’idée d’une synthèse des fruits de nos rencontres. Discutable, peut-être!

djebar.jpgEt puis il y a ceux qui y vont de leur raccourci, genre Senghor « l’homme politique » ne devrait pas être un modèle pour la jeunesse africaine!!! Il aurait été un pantin de la France ! Ah la France, le référent qui nous poursuit toujours. Pis encore, Senghor a fini à l’Académie Française ! Assia Djebar aussi, récemment, mais c’est vrai que les maghrébins n’ont pas reproché à une romancière francophone algérienne d’avoir fait le même choix que l’écrivain sénégalais! L’homme politique a brisé, dit-on, le rêve de la Fédération en Afrique de l’Ouest, mais je ne suis pas certain que l’on puisse associer ses erreurs à ceux de certains dictateurs célèbres dont les parcours ont assombri l’image du continent africain.

sengoretalii2.jpgJe regardais hier une vidéo sur Bokassa, le pantin centrafricain y accusait le président sénégalais d’avoir œuvré avec ses amis français à sa chute. Et je me disais, sincèrement, que sur ce plan-là au moins, si c’est vrai, on peut dire qu’il a eu raison. Après, le débat est vaste. Quand nous aurions fini de lire Senghor, d’analyser ses actes politiques, que retiendrons-nous de lui ? Sincèrement ?

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