Qui est ce Salinger?

salingerAssis devant la télé, en compagnie d’une amie, il est plus de minuit. L’info passe en boucle sur France 24. Soudain, je m’écrie: ah bon, Salinger est mort? Elle, à son tour, de s’écrier: c’est qui ce Salinger? Et moi, instinctivement: tu ne connais pas Salinger?

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salingerAssis devant la télé, en compagnie d’une amie, il est plus de minuit. L’info passe en boucle sur France 24. Soudain, je m’écrie: ah bon, Salinger est mort? Elle, à son tour, de s’écrier: c’est qui ce Salinger? Et moi, instinctivement: tu ne connais pas Salinger? Mais Salinger, c’est l’Attrape-Coeurs! Il m’a fallu un moment avant de me rendre compte de l’absurdité de ma réponse. Comme si elle était obligée de connaitre L’Attrape-Coeurs, ce roman, ah, ce roman qui te laisse sans voix. Alors je lui raconte une soirée à Lomé, en ces années où je passais le clair de mon temps à sillonner les bibliothèques étrangères de la ville. Celle du Centre Culturel Américain me plaisait particulièrement, car j’y découvrirais les auteurs américains les plus insolites. Un soir j’arrive à la maison après un tour à cette biblio, et en étalant les livres empruntés sur le sol de la chambre que je partageais avec mes deux frères (ça me semble drôle, ce souvenir, un réduit pour trois grands garçons, mais c’était la vie qui en avait voulu ainsi!), je vois ce titre, L’Attrape-Coeurs! Je dois avouer que souvent je choisissais les livres selon la technique du rayon: j’en prenais un au hasard et m’imposait le deal de lire en un mois un ou deux rangées de ce rayon, comme ça, de façon aléatoire. C’est ainsi que je suis tombé sur la pépite, avec cette phrase qui m’est resté fichée dans la caboche: « Si vous avez réellement envie d’entendre cette histoire, la première chose que vous voudrez sans doute savoir c’est où je suis né, ce que fut mon enfance pourrie, et ce que faisaient mes parents et tout avant de m’avoir… » Waoh! L’Attrape-Coeurs fut un choc pour moi, ce langage bizarre (sentiment d’époque), cru, vulgaire on dirait, je découvrais une manière de parler à laquelle mon éducation toute chrétienne ne m’avait pas préparé, mais que je comprenais parce que, après tout, j’étais un jeune homme idéaliste et révolté, tout comme Holden Caulfield, l’adolescent du roman. Je n’ai pas lu un autre livre de Salinger, au fond, c’est comme si j’avais peur de sortir du roman. Salinger pour moi, c’était L’Attrape -Coeurs, point! Mais maintenant qu’il est mort, le père Salinger, peut-être devrais-je faire l’effort de lire autre chose de lui…
Ce roman, ah ce roman! L’assassin de John Lennon, Mark Chapman, a demandé à l’ex-Beatle de signer un autographe sur son exemplaire de L’ Attrape-coeurs le matin du 8 décembre 1980, jour du meurtre, vous voyez ça? Ah, L’Attrape-Coeurs, j’ai décidé de l’offrir à l’amie, dédicacée à l’avance, au cas où l’envie lui viendrait de me trucider un jour, quoi, il m’arrive de me prendre pour une star moi aussi!

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