Qu’est qui bloque la mise en route du Fonds d’Aide à la Culture au Togo ?

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PRECISION IMPORTANTE: JE NE SUIS PAS L’AUTEUR DE CET ARTICLE. LE COPYRIGHT APPARTIENT A TOGOCULTURES. Le décret n°2009-291/PR du 30 décembre 2009 créant le Fonds d’Aide à la Culture (FAC) prévu dans les textes de loi depuis novembre 1990 a été signé par le Président Faure Gnassingbé le 30 décembre 2009.  Deux ans après ce texte censé déverrouiller une situation restée exceptionnelle dans la sous-région ouest africaine, le Fonds n’est pas activé. © Togocultures

Aujourd’hui, la perplexité et l’agacement gagnent les milieux artistiques togolais qui ne comprennent pas. Alors, se multiplient des initiatives – pétitions, réunions, concertations… – pour que se dénoue cette situation qui, tout en privant la culture d’une reconnaissance nationale et d’une source certaine de financement, contribue à hypothéquer le développement culturel dans notre pays considéré à tort ou à raison par certains critiques comme un « désert culturel » ! Qu’attendent donc les autorités togolaises pour doter le Fonds d’Aide à la Culture et créer l’organe chargé de son animation ?

Ce qu’est le Fonds d’Aide à la Culture (FAC)

Il faut rappeler que c’est le 23 novembre 1990 que le Président Eyadéma a signé la loi n° 90-24 relative à la protection du patrimoine culturel national. Cette loi par laquelle « l’Etat assure la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel national » et « en favorise la mise en valeur et l’exploitation » a prévu dans son article 6, la création d’une Commission Nationale du Patrimoine Culturel (CNPC) qui est effective depuis quelques années et dans son article 37, celle d’un Fonds National de Promotion Culturelle (FNPC).

Ce fonds créé en 2009 sous l’appellation du Fonds d’Aide à la Culture (FAC) « est un établissement public à caractère professionnel, à but non lucratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. » Il est placé, selon le décret de création, sous la tutelle du ministre chargé de la Culture et du ministre chargé de l’économie et des finances. Il est alimenté par les subventions, legs et donations de toutes sortes, le produit de la vente des reproductions des biens culturels et des publications du Ministère chargé de la Culture.

Le Fonds est destiné à la promotion et au financement de toute action culturelle présentant un intérêt national. A ce titre, il permettra précisément de participer à la construction, à la réhabilitation et à l’équipement d’infrastructures culturelles ; d’aider à la création artistique, littéraire et cinématographique, de favoriser la participation du Togo aux grands rendez-vous culturels, foires et festivals nationaux et Internationaux ; de soutenir les projets culturels ayant un impact positif sur les populations ; de promouvoir les traditions culturelles ; d’aider à acquérir les équipements culturels, de favoriser la promotion, la diffusion, la préservation et la conservation (sur tous supports) du patrimoine culturel national ; de soutenir les associations et regroupements culturels pour une meilleure émergence des initiatives culturelles de base ; d’aider à l’édition des ouvrages littéraires et artistiques et/ou à leur numérisation ; de promouvoir les industries culturelles et en faire un levier de développement.

En somme, le FAC a été prévu pour brasser large et contribuer effectivement à faire des secteurs des arts et de la culture, de véritables outils de réduction de la pauvreté et de la croissance socio-économique, ce qui est par ailleurs la vocation de la culture. On comprend l’enjeu de la mise en œuvre du FAC et pourquoi les acteurs culturels sont inquiets.

La perplexité gagne les artistes qui ne comprennent pas pourquoi le FAC n’est pas mis en route

« A quand le Fonds d’Aide à la Culture au Togo ? Telle est la thématique centrale de la 12ème édition du Festival de Théâtre de la Fraternité (FESTHEF) qui s’est tenu à Lomé et à Assahoun (50 km à l’ouest de Lomé), du 24 au 31 août 2011.

En effet, le Festival de Théâtre de la Fraternité (FESTHEF) a célébré l’édition 2011 sous le signe des rencontres et de grandes interrogations. Des questionnements ont porté sur l’avenir des manifestations culturelles et artistiques organisées au Togo et sur le sort des professionnels qui ont l’impression d’être abandonnés et oubliés par l’Etat. Tout le monde est unanime : l’une des solutions à l’effort des professionnels des secteurs de l’art et de la culture et au financement des événements culturels et artistiques au Togo est bien l’activation du Fonds d’Aide à la Culture (FAC).

C’est parce que la mise en route du FAC tarde, on ne sait pour quelle raison la raison, que le FESTHEF a convié les acteurs culturels à une causerie-débat consacrée à la thématique le jeudi 25 août 2011 de 18H à 19H30 à Lomé et le mercredi 31 août dans l’après-midi à Assahoun. La préoccupation était celle-ci : beaucoup de pays africains ont mis en place depuis belle lurette un Fonds spécial d’aide aux secteurs des arts et de la culture, notamment (et pour citer les cas proches du Togo), le Ghana, le Mali, le Bénin. Ce dernier par exemple l’a alimenté à hauteur d’1 milliard de francs CFA (1.524.490 d’euros) appelé le ?milliard culturel?). Qu’est-ce qui bloque la mise en œuvre du Fonds d’Aide à la Culture au Togo ? L’interrogation pour le moment reste sans réponse…

Devant le silence et l’inaction du pouvoir public, que faut-il faire alors ?

Une situation somme toute absurde

L’assistance à la rencontre de Lomé lancée par le FESTHEF était composée d’artistes et de professionnels de la culture venant du Togo, du Bénin, de la Côte d’Ivoire avait eu à échanger sur les stratégies à mettre en œuvre. Nos hôtes étaient même surpris que le Togo en reste encore là.

On apprend dans cette rencontre que beaucoup d’acteurs s’activent depuis des mois et affûtent des armes pour amener les autorités à honorer leurs propres promesses. Il faut relever l’absurdité de la situation créée : pourquoi l’Etat a-t-il trouvé opportun de créer un Fonds nécessaire au développement de la culture et du pays et n’en fait plus rien ? A qui incombe l’initiative pour réparer cet oubli ? Au Ministre de la Culture qui a promis devant témoins depuis la remise du Prix d’Excellence de la CEDEAO que cela va se faire ? À défaut de trouver des réponses aux nombreuses énigmes créées par cette situation, les uns et les autres ont échangé sur les stratégies et la causerie s’est achevée sur un goût d’inachèvement et de dépit.

Il reste à espérer que cette initiative parvienne aux décideurs pour qu’ils prennent effectivement leur responsabilité. La promesse doit être tenue. Il va de l’intérêt de tous les acteurs et en premier lieu de notre pays qui a besoin que des initiatives soient multipliées pour améliorer le quotidien des citoyens, surtout que le secteur culturel est avéré être un secteur pourvoir d’emplois, de devises et contribue de facto à la réduction de la pauvreté et à ennoblir l’image d’un pays.

La Rédaction © Togocultures

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