
Il y a dans ces mots tout le mystère de la vocation du Prophète. Comment être soi et appartenir en même temps à une force qui vous enseigne de conduire un peuple vers elle ? Surtout quand ce peuple a déjà ses coutumes bien établies ? Le roman de Salim Bachi nest pas une biographie du Prophète, je laurais délaissé bien vite. Il me séduit par la peinture des haines et jalousies bien humaines autour du sujet Mohammad, homme de peu qui prend de létoffe en devenant (ou se proclamant, que Dieu me pardonne)) le messager du Dieu dont il rêve pour les tribus arabes superstitieuses et fétichistes. Toute lopposition dun Khalid Ibn Al-Wahid se comprend à la lumière de ces conflits dintérêts, Khalid qui finira, de façon spectaculaire par rejoindre son ennemi juré.
On rit parfois de lincrédulité des proches du Prophètes. Exemple, quand Aïcha sinterroge sur lopportunité de certaines révélations divines chaque fois que Mahomet tombe sous le charme dune nouvelle femme. Aïcha : « Un jour, alors que Mohammad me récitait les versets qui lautorisaient à prendre pour épouses les femmes qui se donnaient à lui, je lui répondis avec toute la fougue de la jeunesse :
– Ton Dieu, à ce que je vois, sempresse de satisfaire tous tes désirs.
Il se contenta de rire, ce qui me mit au comble de la colère. »
Ah, le Prophète et les femmes ! Les posséder est signe absolu de pouvoir.
Doù : « Vous ne devez pas offenser le Prophète de Dieu, ni jamais vous marier avec ses anciennes épouses, ce serait de votre part, une énormité devant Dieu. »
Jaime ce Mahomet-là, guerrier en tout, passionné jusque dans le sommeil éternel.
Salim Bachi, Le silence de Mahomet, Gallimard, 2008, 20 .
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