Mister Brown: “Éé ! Éé ! I feel alright, come on!”

brown90.jpgQuand il faisait danser le continent tout entier, entre 1965 et jusque dans les années 1970, j’étais trop jeune pour prendre la mesure de son importance en terme d’idéologie. Sa musique me plaisait, mais au fond mes préférences allaient d’abord à la rumba, aux Beatles et à Simon&Garfunkel, nul n’est parfait… (K.A.)

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brown90.jpg“Éé ! Éé ! I feel alright, come on!” Quand il faisait danser le continent tout entier, entre 1965 et jusque dans les années 1970, j’étais trop jeune pour prendre la mesure de son importance en terme d’idéologie. Sa musique me plaisait, mais au fond mes préférences allaient d’abord à la rumba, aux Beatles et à Simon & Garfunkel, nul n’est parfait…

Mes souvenirs, à propos de James Brown sont assez précis et décevants pour un amateur de musique : son nom reste associé aux surprises-parties que mon grand frère organisait à la fin de l’année scolaire avec la bénédiction généreuse de mon pater. J’admirais les performances de ses ami(es), elles libérées dans leurs jupes cintrées, eux plastronnant dans leurs pantalons « bas d’éléphant », certains avec des tignasses sauvages à faire pâlir de jalousie une Angela Davis. Mes frères, mes sours, et leurs ami(e)s étaient tous blacks, il n’y avait aucun blanc en vue pour leur créer des complexes identitaires. Oui, en effet, à part les impérialistes blancs dont on parlait parfois à la radio, parce qu’ils en voulaient à nos phosphates et à la vie du Président, les seuls blancs dans le quartier étaient le Dr Forcados, un médecin allemand qui avait d’autres chats à fouetter que de voler du minerai, le président des associations de la paroisse catholique, un métis que l’on disait incestueux (allez savoir!), et puis la seconde épouse de mon pater, métisse elle aussi. Vraiment pas de quoi déclencher un mouvement des Droits Civiques ! Je n’ai donc pas souvenir d’avoir entendu les guincheurs revendiquer être « black and proud », ils auraient été ridicules. La musique leur suffisait, le discours n’aura du sens, pour certains, que plus tard, une fois jeté dans le grand monde. Je les regardais danser et j’en profitais pour vider leurs verres, ce qui m’obligeait à finir la soirée ivre comme un calice de messe.

combatdusiècle.jpgComme le boxeur noir américain Muhammad Ali, James Brown s’est produit au Zaïre, et jamais au Togo. Je lui pardonne cette infidélité, puisque nous étions aussi partisan de la politique de l’authenticité, succédané bizarre de la négritude et de la Negro renaissance, n’est-ce pas ? Bon voyage, Mister Brown, things gonna be alright !

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