Lire est un plaisir: David Ndachi Tagne

ndachi_tagne_rfi_200.jpgDavid Ndachi Tagne est mort en Octobre 2006. J’avais reçu son livre bien avant sa mort, mais je n’ai jamais eu le temps de le lire. Mais voici chose faite. J’avoue que le livre refermé, j’ai eu envie de me taire. Mais je ne sais pas, quelque voix me murmurait à l’oreille, « David aurait aimé savoir ce que tu en penses… » Propos égoïstes, je sais. Bon, je me lance quand même! (K.A)

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ndachi_tagne_rfi_200.jpgLa nécrologie de l’écrivain et journaliste:

http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=18118


David Ndachi Tagne, Les amours fantômes, CEDA, 2004.

 

Que voulait donc montrer David Ndachi Tagne ? C’est la question que le lecteur se pose après avoir refermé ce roman, le deuxième du journaliste camerounais. Livre énigmatique dès le titre, Les amours fantômes déroule son intrigue au fil des pages, sans jamais révéler son fil conducteur. Un peu comme un fantôme, d’ailleurs. Mais malgré tout, une impression trotte dans l’esprit : l’auteur semble vouloir accorder des circonstances atténuantes à la polygamie. En tout cas, la fin du récit laisse croire que David Ndachi Tagne cherchait à tout prix un moyen de justifier le fait qu’un homme puisse officiellement avoir deux femmes. Et voilà comment Senfo , le héros, ex-père de famille modèle se retrouve avec une deuxième femme, et la première curieusement consentante, alors qu’on était parti sur un mariage fictif pour une cause bien précise. Les amours fantômes du personnage principal ont donc fini par prendre corps. La logique et la cohérence de l’histoire en prennent quand même un coup. L’histoire que raconte le roman est celle de ce jeune chef de famille, qui se retrouve empêtré dans une histoire de meurtre. Accusé d’avoir assassiné un homme, avec la complicité d’une fille qu’il avait suivi un soir à la sortie d’un cabaret. Il s’en tire heureusement innocent au terme d’un procès qui aurait pu être plus palpitant si le récit était plus équilibré.

Les premières phrases du roman ont pourtant le don d’aiguiser l’appétit du lecteur. Le style alerte du début n’étonne pas. L’auteur, peu fier d’étrenner une expérience de près de trente ans comme chef de la rubrique « Culture » du journal Cameroon Tribune est une plume expérimentée, doublée d’un cursus universitaire reconnu dans le champ de la littérature africaine. Connaissant ainsi l’auteur, on s’est donc lancé dans ce minuscule roman d’une centaine de pages, avec la conviction d’y trouver quelque chose de mémorable. Le style alerte n’est malheureusement pas constant et l’on a ensuite du mal à progresser dans la lecture. Finalement, au terme de l’exercice, on ne peut pas dire que Ndachi Tagne ait écrit là son meilleur livre. Mais je me trompe peut-être, il n’est plus là pour en débattre avec moi, dommage!