
« Mes amis, Jean-Pierre Jacquemin est à l’hôpital d’Ixelles aux soins intensifs depuis hier après-midi. Il a fait, dimanche ou lundi, une thrombose dans son appartement sans qu’il puisse prévenir personne. Ne le voyant pas mardi, on a commencé à s’inquiéter, d’autant qu’il ne répondait pas au téléphone. On a téléphoné au proprio qui est allé voir et l’a découvert avachi dans un fauteuil, marinant dans ses déjections et incapable de dire un mot. Une ambulance a été appelée par Françoise De Moor, et Didier de Lannoy a accompagné Jean-Pierre à l’hôpital où ils ont mis un temps fou à s’occuper de lui. Il a fallu qu’Ana se foute en rogne car on le prenait pour un simple SDF. Après avoir joint plusieurs toubibs pour faire pression, Jean-Pierre est maintenant aux soins intensifs où on redoute également qu’il ne fasse un oedème pulmonaire. Le diagnostic actuel est qu’il peut s’en tirer mais avec une paralysie, dans la mesure où le cerveau gauche est très touché. S’il s’en sort, il devra faire une rééducation de plusieurs mois. Une autre amie est parvenue à le voir ce matin et il semble malgré tout réagir à la voix quand on s’adresse à lui, ce qui serait plutôt bon signe. Nous nous sommes retrouvés hier au resto Le Tournant avec quelques amis avant de repasser chez Didier et Ana de Lannoy pour faire le point et téléphoner à certaines personnes influentes afin qu’il soit soigné dans les meilleures conditions possibles. Voilà, c’est tout pour le moment… On attend la suite de son traitement avant de l’aiguiller, à la demande de son frère prévenu à Liège par téléphone, vers l’Hôpital St-Pierre où ils sont mieux équipés pour soigner ce type d’attaque cérébrale. Amitié, Alain »
Cher ami, tu nous a fait peur. Pour moins que cela, mon pote Fifi na pas survécu à Lomé. Je pleure sa mort, et me réjouis que tu aies survécu, ô toi cruel farceur ! Les nouvelles qui ont suivi, quelques jours plus tard, mont définitivement rassuré. Alain, toujours, facteur électronique infatigable, envoyait ceci à tous tes amis :
« Mes amis, Jean-Pierre a été transféré ce matin, vers 11h, à l’hôpital Saint-Pierre (en neurologie, médecine interne, il sera soigné par le docteur Pierre Noël qui est un des grands patrons de la neurologie en Belgique). Il est à l’Unité 405, Chambre 3. On peut joindre l’hôpital St Pierre en téléphonant au 02 535 37 00. Ana et Didier de Lannoy ont vu hier Jean-Pierre à l’hôpital d’XL et ont pu discuter avec le responsable du service des soins intensifs. Son état tend à se stabiliser : il est moins confus, reconnaît « à peu près » ses visiteurs, fait des efforts pour s’exprimer, donne l’impression d’être de très méchante humeur… (ce qui, explique Didier, » est bon signe, non ?… Son mauvais caractère devrait lui permettre de s’en sortir… ») Mais des séquelles sont à prévoir, qui nécessiteront sans doute une longue rééducation. Je dois passer le voir demain en début d’après-midi et je vous donnerai de ses nouvelles…. Amitié. »
Je commençais à vraiment respirer de soulagement, même si les fameuses séquelles minquiétaient un peu. Puis vint un autre mèl dAlain, plus long, plus détaillé sur comment les choses te sont tombées dessus. Accroche-toi, la lettre est longue, mais je la reproduis entièrement pour lHistoire ! Il lui a même donné un titre que tu aurais désapprouvé, trop clinique et pas assez putassier, aurais-tu dit : « Jean-Pierre Jacquemin : Etat de la situation depuis mardi dernier jusquà ce lundi 25 juin. » En substance, Alain écrivait ceci :
« Mardi 19 juin :
JPJ est trouvé dans son appartement par Joseph qui, ayant RV avec lui, est allé demander à Michel Dehoux, sil lavait vu récemment. Michel lui a répondu quil ne sétait pas manifesté depuis vendredi et, comme il ne répondait pas au téléphone, lui a conseillé daller voir directement à son appartement, pendant quil téléphonait lui-même à quelques amis (Didier et Ana, Françoise et moi-même). Joseph a trouvé Jean-pierre, à demi conscient, gisant affalé dans un fauteuil du salon, face au vélux entrouvert, et son téléphone portable à ses pieds. Le propriétaire, joint aussitôt est monté et a constaté quil navait pas bougé depuis la veille lorsque la femme de ménage et son mari lavaient alerté et que Jean-Pierre, plus ou moins conscient, lui avait répété plusieurs fois dune voix pâteuse : « ça va ça va », comme sil venait de prendre une cuite carabinée durant le week-end (ce qui nétait strictement pas le cas mais pouvait éventuellement prêter à confusion). Joseph, qui est infirmier, sest aussitôt rendu compte de la gravité de la situation (malgré le fait que Jean-Pierre marmonnait encore « ça va, ça va ») et a appelé une ambulance pendant que, depuis son bureau à Africalia, Françoise alertée à son tour faisait de même et que Didier se rendait sur les lieux où il a accompagné JPJ dans la première ambulance vers lhôpital dIxelles.
Une fois sur place, aux urgences, Jean-Pierre a finalement été transféré en soins intensifs où le personnel médical craignait quil ne fasse, en plus de sa thrombose, un dème pulmonaire dû au fait quil était resté pratiquement deux jours (on ignore toujours combien de temps exactement) face au courant dair créé par le vélux entrouvert Il avait de la fièvre.
Un peu plus tard, sur place, Ana a fait son possible pour quil soit traité non pas comme le clodo quil paraissait être, plus ou moins abandonné dans un coin du service, mais comme une personne de qualité (depuis quand, dailleurs, un clochard, ne serait-il pas une personne de qualité ?) quil convenait de soigner efficacement sans plus tergiverser
Le soir, avec quelques amis proches, nous nous sommes donnés RV au Tournant pour tenter de faire le point et détablir un plan daction. Un peu plus tard, chez Didier et Ana, qui avaient déjà alerté les membres de sa famille à Liège, nous avons contacté des toubibs de nos connaissances, dont Solange, susceptibles dintervenir auprès de lhôpital dIxelles, pour quil soit pris en charge le plus correctement possible
Mercredi 20 juin :
Pendant que le personnel de lhosto parait au plus pressé et procédait à un certain nombre danalyses tout en le réhydratant, jai poursuivi mon envoi de mails à tous les amis dont je possédais ladresse afin de les prévenir de ce qui venait darriver à Jean-Pierre.
Le diagnostic actuel est qu’il peut s’en tirer mais avec une paralysie, dans la mesure où le cerveau gauche est touché. Il devra faire une rééducation de plusieurs mois. Claudine est parvenue à le voir ce matin et, nous dit-elle, il semble malgré tout réagir à la voix quand on s’adresse à lui, ce qui, en croisant les doigts, serait plutôt bon signe.
Jeudi 21 juin :
Ana et Didier ont vu Jean-Pierre à l’hôpital d’XL en fin de matinée et ont pu discuter avec le responsable du service des Soins intensifs. Son état tend à se stabiliser : il est moins confus, reconnaît « à peu près » ses visiteurs, fait des efforts pour s’exprimer, donne l’impression d’être de très méchante humeur (« ce qui est bon signe, non ? » remarque Didier)…
Gaby Castel qui est passé voir JPJ a fait le même constat que Didier Gaby lui a dit que les mails le concernant fusaient dans le « net ». « Celà ne lui a pas déplu » affirme Gaby.
Il est prévu de le transférer demain dans le service (réputé performant) du docteur Pierre Noël, en neurologie, à l’hôpital St-Pierre…
Mais, a expliqué le toubib, des séquelles sont à prévoir, une longue rééducation sans doute…
Vendredi 22 juin :
Transfert ce matin vers 11h de JPJ à l’hôpital Saint-Pierre. Il est à l’Unité 405, Chambre 3. On peut joindre l’hôpital St Pierre en téléphonant au 02 535 37 00. Aux dires de Claudine qui est passée le voir : « Il était fatigué mais c’est la première fois qu’il m’a clairement regardée. »
Samedi 23 juin :
Je suis passé voir Jean-Pierre vers 15h 30. Il dormait profondément, relié par quelques tuyaux à des gouttes à gouttes. Son visage ma paru plus apaisé et sa respiration était bonne. Un ami était à son chevet. Nous sommes restés une demi-heure mais comme il ne sest pas réveillé, nous sommes partis sans avoir pu voir un seul membre du personnel médical. Jai déposé sur sa table de chevet un petit dossier contenant quelques informations concernant tous les nombreux amis qui lui ont fait parvenir des mails dencouragement, ainsi que les adresses des membres de sa familles et de ses amis les plus proches afin que les gens du service sachent qui contacter éventuellement
Dimanche 24 juin :
Suite à un coup de fil donné par Didier de Lannoy au 02/535.37.00 (n° de téléphone du service d’ « oncologie » où JPJ est hospitalisé) : son état ne connaît pas d’évolution notable. Il a passé une nuit plus calme et « communique » davantage avec le personnel soignant.
On a précisé à Didier qu’il n’existe pas de service d’hospitalisation en neurologie à Saint-Pierre, que rien n’indique qu’il sera transféré dans un autre service demain matin et que seuls les médecins peuvent se prononcer à ce sujet.
La famille est invitée à s’informer demain matin auprès du Dr « Demoitier » au n° de téléphone suivant : 02/535.37.40
Lundi 25 juin :
Ana a vu les toubibs, dont le médecin en chef du département où Jean-Pierre est traité pour linstant. Il a fait une pneumo en avalant ses propres sucs gastriques, dans la position où il est resté longuement dans le fauteuil de son appartement avant dêtre rapatrié à lhosto dIxelles. Ses problèmes cardiaques sont dus en partie à sa fibrilation et au fait que ses carotides sont bouchées par le cholestérol (on lui a placé, entre autres, des drains afin de fluidifier tout ça) et puis, pour couronner le tout son dème cérébral (qui devrait se résorber progressivement) lui crée de forts maux de tête lorsquil est réveillé. Il nest pas encore capable de parler car leffort que cela lui demande reste trop important mais il répond par oui ou par non aux questions qui lui sont posées et cela, malgré le fait quil ne donne pas limpression de se rendre vraiment compte de ce qui lui est arrivé. Il a également tendance à oublier que des amis sont passés le voir, alors quil réagit très positivement à leur présence. Le médecin a expliqué que ça le stimule malgré tout, même sil ne sen souvient pas par la suite Et il faut donc continuer à lui rendre des visites.
En fait, lorsque ces premiers soins durgence auront permis de faire évoluer plus positivement son cas, le médecin en chef du département estime quil vaudrait mieux lenvoyer à Brugman, au Centre de revalidation qui regroupe les patients ayant des problèmes neurologiques sévères alors quà St Pierre, il ny a que des consultations, y compris celles du Docteur Noël Mais il faut encore attendre et voir avec Christian Jacquemin, un des frères de Jean-Pierre, quelle sera la meilleure décision à prendre en fonction de lévolution du traitement actuel dont il bénéficie Bon, cest tout pour aujourdhui ! A suivre Alain. »
Cher Jipéji, au moment où je técris, Alain et tes amis de Bruxelles sont passés à la vitesse supérieure, organisant les choses concrètement, sollicitant tes nombreux amis, ceux qui taiment pour ta singularité. Japprouve totalement lidée de la tontine, quils expliquent en ces termes :
« Message urgent à tous les amis de Jean-Pierre. Les ami(e)s, la décision étant prise de constituer une « tontine » destinée à éponger une partie (ou plus si possible) des frais encourus par Jean-Pierre pour son traitement actuel, le suivi thérapeutique dont il devra bénéficier ces prochains mois, le futur déménagement de son appartement et le stockage de ses affaires personnelles, nous engageons toutes les bonnes volontés à verser leurs oboles le plus rapidement possible afin de constituer une réserve qui nous permettra de mieux envisager le futur proche de JPJ. Il semblerait, aux dernières nouvelles que l’INASI, la Caisse des travailleurs indépendants, ne versera pas à Jean-Pierre une indemnité mensuelle le temps de son immobilisation.Par contre sa mutuelle (l’INAMI) devrait être en mesure de fonctionner et Didier de Lannoy s’en occupe… Pour les versements que chacun pourra effectuer afin d’alimenter la tontine, vous pouvez effectuer un virement ou envoyer un chèque sur le compte de Monick comme elle le suggère, en signalant que c’est pour la Tontine JPJ… Il suffira d’écrire comme communication : « TONTINE pour JPJ » N° de compte de MONIK DIERCKX : 001-0765758 -19. Ceux qui préfèrent casquer en espèces ou en chèques à Bruxelles pourront glisser leur quote-part dans un cochon tirelire au Tournant, chez Michel et Odile et inscriront sur un petit cahier leur nom, la date et la somme remise… Adresse du restaurant LeTournant à Ixelles: Le Tournant, 168 Chaussée de Wavre – 1050 Bruxelles
Tel : 02 502 238 94 / 02 502 61 65 Email : michel.dehoux@skynet.be Merci d’avance au nom de JPJ qui n’est, bien sûr, pas au courant (et se dit peut-être que personne ne pense à lui, dans la mesure où il a encore tendance à oublier rapidement le passage des nombreux visiteurs qui se rendent à son chevet et le font sourire, le temps de leur présence…) Amitié. Alain… et « la garde rapprochée de JPJ »…
Oui, tu peux compter sur nous, cher Jipéji, en ce sens que lamitié vraie commande de la reconnaissance. Ce que tu as été pour nous, chacun pourra en témoigner un jour. Dans mon cas, je tiens à te dire que ma rencontre avec toi fut un tournant capital dans lévaluation critique de mon univers et de mon travail littéraire. Mais je te lai déjà dit plusieurs fois, alors je ne vais pas radoter. Allez, je vais te quitter, mais quand tu auras plus dénergie, quand tu auras retrouvé un peu plus ton esprit de contradiction systématique, tu viendras lire sur mon blog les témoignages nombreux de tes amis « internationaux » auxquels je signale un dernier détail :
« POUR LES AMIS QUI ENVOIENT DES SOUS DE L’ETRANGER (hors Belgique), voici les codes de DIERCKX MONIK /RUE GAUCHERET 217 /1030 BRUXELLES. Banque :GEBABEBB code IBAN (compte) B39 0010 07657 58 19, en paiement électronique on ne laisse pas les espaces, ceci est gratuit dans toute la zone EURO. »
Voilà, cher Jipéji, rétablis-toi vite, et méchamment. Amicalement, ton pote, Kangni !