Lille, novembre 2010. Un festival comme un autre, dédié aux indépendances africaines. Si je voulais faire de lironie, je dirais que ce fut un festival aussi réussi que lindépendance de la Guinée
mais jai beaucoup daffection pour ces jeunes passionnés de lettres qui ont mis temps et énergie à nous inviter, que je leur trouverai plutôt des circonstances atténuantes plutôt. En effet, Lille avait déjà une réputation sur le marché des lettres africaines, avec le défunt Festafrica de Nocky Djedanoum et Maïmouna Coulibaly ; et malheureusement, et au désavantage du nouveau venu, la comparaison avec Festafrica na pas manqué dêtre faite.
Cela dit, mon propos est ailleurs. En parcourant les stands du « salon de livres » pendant le festival, en regardant ces salles vides où les écrivains étaient censés débattre, je narrêtais pas de me demander pour quel public ces genres de manifestations étaient organisés. La littérature nest pas une discipline populaire, je nai jamais rêvé débattre devant une salle de 1000 personnes (même si jai déjà vu Wole Soyinka entretenir une salle de cette capacité à Chicago, en plus avec une entrée payante !), néanmoins je me demande ce que ressent un écrivain qui a fait six mille kilomètres depuis Dakar pour venir tourner en rond devant des stands vides. Il ny a pas si longtemps, quand jallais à des festivals en France, ils étaient organisés par des Français « blancs », mais de plus en plus dAfricains de la diaspora organisent des manifestations dédiées à la littérature africaine. Pour quel public ? je nai jamais su. A ces festivals, peu importe les organisateurs, je vois peu dAfricains ou de Noirs de la diaspora, et toujours quelques « blancs » curieux.
A Lille, même constat. Et pourtant cest une ville universitaire, où vous rencontrez plein détudiants noirs. Je nai jamais su quoi conclure
et je ne sais toujours pas quoi conclure. Allez, bonne journée !