C’est devenu une mode, parler sans faire attention aux fautes de français. Parler en faisant des fautes graves, des fautes de syntaxe qui, autrefois, faisaient hurler nos enseignants. A la ville, le phénomène ne me gêne pas. A la fac, je m’interroge. Mais quand j’ouvre ma radio et j’entends l’animateur vedette crever la langue de ses traits venimeux, là je deviens perplexe.Lui, c’est la star du poste à galène, dans le paysage médiatique togolais. Il officie en semaine, à une heure de grande écoute. Il est tellement célèbre que passer chez lui relève de la pub. Le seul truc qui me gêne quand je l’écoute parler, c’est sa capacité à aligner les fautes syntaxiques dans la langue officielle. Qu’un mot prête à confusion, je peux comprendre. Le vocabulaire francophone a, depuis un temps, donné un sens nouveau à la plupart des mots du Larousse. Qu’il s’embrouille dans l’usage forcené et un peu has been du subjonctif imparfait, je peux m’en amuser, il le fait pour épater la galerie, même si je n’ai jamais cru que la concordance des temps fût un jeu sans conséquences! Mais réinventer la syntaxe du français, là j’en appelle à un peu de retenue. Quand nous devenons des modèles publics, bien parler est un devoir, car les fautes de français constantes finissent par imprégner l’esprit de ceux qui nous écoutent, qui croient que la règle, la bonne, c’est nous qui la possédons.
Les fautes de français de l’animateur vedette ne sont pas les fautes de français du citoyen lambda qui utilise la langue officielle pour se faire comprendre à un niveau basique. Les fautes de français de l’animateur vedette brouillent ses messages, qui sont de l’ordre du discours citoyen, voire du discours politique. Il va lui falloir faire un peu plus d’effort et changer son habillage en français facile! Ou bien? Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr! Je lui tire ma langue, tout en lui tirant le chapeau!