La Chronique de Roger Gbegnonvi (Bénin):Pourquoi nous marcherons sur le parlement

gbegnonv_0.jpg« Le danger est là. Nous devons nous lever. Ils devront marcher sur nos cadavres’’. Voilà le message textuel de Réckya Madougou, présidente de l’association Elan, lors de sa conférence de presse le mercredi 21 juin 2006. Elle était entourée, pour la circonstance, de quatre autres responsables d’ONG, exactement du même avis que l’association Elan. ‘‘Ils’’, ce sont les députés – certains députés ? – de notre Assemblée nationale.

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gbegnonv_0.jpg« Le danger est là. Nous devons nous lever. Ils devront marcher sur nos cadavres’’. Voilà le message textuel de Réckya Madougou, présidente de l’association Elan, lors de sa conférence de presse le mercredi 21 juin 2006. Elle était entourée, pour la circonstance, de quatre autres responsables d’ONG, exactement du même avis que l’association Elan. ‘‘Ils’’, ce sont les députés – certains députés ? – de notre Assemblée nationale.

Le danger est là, parce que nos députés nourrissent l’intention immonde de modifier notre constitution pour, entre autres, prolonger d’un an leur propre mandat. S’ils le font, ils sont parjures parce que c’est pour un mandat de quatre ans que nous les avons élus. Un éventuel mandat de cinq ans pour les députés, si le peuple consulté l’accepte, ne pourrait devenir valable et constitutionnel qu’à partir des élections législatives de 2007. Si la loi permet à nos députés de modifier la constitution, l’esprit de la loi leur interdit d’être parjures en transformant un contrat initial de quatre ans en un contrat frauduleux de cinq ans ; cela ne se fait pas, c’est de la tricherie. Et tant qu’on y est, pourquoi ne s’accorderaient-ils pas un mandat supplémentaire par simple modification de la constitution ? Et pourquoi, sur cette belle lancée, ne se proclameraient-ils pas députés à vie par simple modification de la constitution ? Le danger est là, parce que nos députés, payés pour légiférer, n’accepteraient pas, aujourd’hui encore, de voter les lois sans bakchichs lourds payés par le gouvernement, sur le mode immoral hérité du régime défunt. Le danger est là, parce que dans la nuit du 20 au 21 juin 2006 un groupe de députés a tenté d’acheter à 50.000.000 francs CFA un membre influent de la société civile, a tenté de l’acheter pour le rallier avec les siens à l’immonde cause de la révision crapuleuse de la constitution et à l’infecte cause de la libération sans jugement du patron de la SONACOP SA. Le danger est là, parce que, pour des raisons inavouables, nos députés entendent punir le Chef de l’Etat. Qu’ils punissent donc tout le monde, y compris le Dr Boni Yayi si le cœur leur en dit. Mais, de grâce, pas au détriment du Président de la République, élu du peuple et de la République. Mais, de grâce, pas au détriment de la constitution, propriété du peuple et de la République.

Et parce que notre constitution n’est pas un instrument de punition aux mains de députés revanchards et frileux pour leur mandat et qui s’en vont être parjures après avoir signé un pacte diabolique avec les suppôts sataniques de l’impunité destructrice de la République, et parce que notre République ne peut plus être livrée aujourd’hui à un pouvoir législatif truffé de personnages douteux dont on se demande quelle foi et quelle loi les guident, et parce que ‘‘nous sommes le peuple’’, le cas échéant, nous marcherons sur le parlement, conformément au droit que nous en donnent et au devoir que nous en font les articles 65 et 66 de notre constitution ‘‘en cas de…coup de force quelconque’’. En termes très précis, ‘‘le droit et le devoir de faire appel à tous les moyens pour rétablir la légitimité constitutionnelle’’ (art. 66).

Et c’est le cas lorsque nos députés trichent sur la durée constitutionnelle de leur mandat, volent au secours des présumés complices de crime de sang, appellent à la libération sans jugement de ceux qui pourraient avoir des comptes à rendre à la justice au sujet de l’usage frauduleux qu’ils ont fait d’un bien important du peuple tel que la SONACOP. C’est le cas lorsque nos députés rêvent de transformer profondément la nature du régime présidentiel que nous nous sommes donné, parce que le régime semi-présidentiel et son instabilité consubstantielle en nos pays est ce qui conviendrait le mieux à leurs appétits surdimensionnés, à leurs envies de magouilles et de tripatouillages sans fin.

S’il faut marcher sur le parlement pour en déloger tricheurs, parjures et autres amuseurs publics afin de mettre fin à la chienlit, nous le ferons. C’est, du reste, en toute légalité et constitutionnalité que le peuple béninois marchera sur son parlement pour sauver sa République et sa démocratie.

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