La Chronique de Roger Gbégnonvi (Bénin) : Corps et contenu au changement: l’argent du peuple

gbegnonv_0.jpgEt si l’une de raisons majeures du changement politique intervenu au Bénin était la corruption généralisée de l’élite au pouvoir ces dernières années? Exercice de la liberté démocratique et liberté de commerce, le fait n’est pas nouveau, mais demande à être contrôlé. Quand la dignité personnelle devient une valeur d’échange, il est temps de réinventer la démocratie! Bonne lecture (K.A).

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gbegnonv_0.jpgEt si l’une de raisons majeures du changement politique intervenu au Bénin était la corruption généralisée de l’élite au pouvoir ces dernières années? Exercice de la liberté démocratique et liberté de commerce, le fait n’est pas nouveau, mais demande à être contrôlé. Quand la dignité personnelle devient une valeur d’échange, il est temps de réinventer la démocratie! Bonne lecture (K.A).

Corps et contenu au changement: l’argent du peuple

(Par Roger Gbégnonvi)

Marche_Dantokpa_Vue_du_Pont.sized.jpg Comme le citoyen battant pavé ne sait pas ce que les conseillers véhiculés conseillent au Président de la République pour que le changement prenne corps et contenu, il doit y aller de ses propres conseils comme bouteilles jetées à la mer du côté de la Bouche du Roi avec espérance que le vent d’ouest fera s’échouer quelques-unes d’entre elles aux environs de la Marina et que, la Providence faisant le reste, le Seigneur des lieux les recueillera, comme en son temps Moïse sauvé des eaux, et même en prendra un certain soin pour s’en inspirer.

C’est sans doute le projet du professeur Honorat Aguessy qui, de Ouidah dont il est fétiche tutélaire, envoie des alexandrins, des décasyllabes et des octosyllabes pour proposer corps et contenu au changement. De temps en temps, ici, en style prosaïque, l’on proposera corps et contenu au changement afin qu’il ne soit pas dit qu’on n’a rien dit, afin surtout que, cette fois-ci encore, nos rêves les plus modestes n’aillent pas sombrer dans la non-volonté politique que n’aura secouée aucune volonté citoyenne.

La volonté citoyenne veut aborder aujourd’hui la question de l’argent que les cadres de la nation volent au peuple. La commission Adrien Ahanhanzo-Glèlè hante encore les esprits avec ses 70 milliards mythiques. Un bon procès intenté par l’Etat aux fonctionnaires indélicats aurait permis de récupérer au moins 30 milliards dans les caisses de l’Etat et du peuple. Rien n’a été fait dans ce sens. Le pouvoir étant une continuité, et tous les mis en cause n’étant pas morts, un procès doit être intenté pour récupérer ce qui peut l’être.

S’agissant des ‘‘55 milliards décaissés sous Cosme Sèhlin (Pour raisons d’Etat)’’ (sic), on développera toutes sortes d’arguties et de raisons d’Etat pour démontrer qu’ils sont irrécupérables. Mais dispose-t-on, quelque part, de la preuve que la moitié au moins a été dépensée à bon escient pour notre défense, pour notre sécurité ? Le cas échéant, et l’autre moitié ? Qu’en a-t-on fait ? En quittant Matignon, Lionel Jospin a restitué au Trésor public le reste de la caisse noire et produit sous le sceau du secret les preuves de ce à quoi a servi ce que ses services ont dépensé.

Nous savons maintenant que l’affaire des 10 milliards, dont on a dit qu’elle était invraisemblable, est vraie. Oui, elle est vraie, cette rocambolesque affaire à propos de laquelle un haut fonctionnaire de l’Etat nous traita de ‘‘Béninoirs’’ quand on ne s’était pas rangés dans le camp de sa mafia et de ‘‘Béniblancs’’ quand on avait montré de la compréhension pour la thèse de l’impossibilité du transfert frauduleux. L’affaire donc : un homme et une femme, respectivement ministre et chargée de mission, débarquent à quelque aéroport de France et de Navarre avec des valises bourrées de coupures de banques. Au contrôle, les douaniers de France et de Navarre hésitent entre l’embastillement et le rapatriement des fraudeurs. Sur la base de leurs passeports diplomatiques, ils renvoient chez eux les convoyeurs de l’argent volé. Le couple de voleurs endimanchés est remis sur un vol en partance pour Cotonou. Revenus à Cotonou avec les 10 milliards du peuple, qu’en ont-il fait ? Le peuple voudrait savoir.

Le peuple voudrait également savoir à quoi sert la ribambelle de timbres fiscaux qu’il doit désormais obligatoirement acheter en réglant ses factures d’électricité, d’eau et de téléphone, factures dont la catholicité au sens d’honnêteté n’est pas démontrée. 85 francs de timbre fiscal par facture de téléphone, ce n’est pas rien. Où vont-ils et à quelle fin ?

Ce ne sont là que des exemples, loin naturellement de l’exhaustivité. Le peuple béninois ploie et geint sous le fardeau des taxes injustifiées, sous le fardeau des vols d’Etat, sous le fardeau de l’arrogance de ses dirigeants. Et c’est pour que cela change totalement qu’il a renvoyé sa classe politique insouciante et confié les rênes de l’Etat à un homme neuf sans lien avec la classe politique renvoyée. Et ‘‘ça doit changer’’ pour que le peuple cesse de ployer et de geindre sous le poids accumulé des injustices et des frustrations. La volonté citoyenne viendra désormais en aide à la volonté politique pour que cela change totalement.

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