« L’Afrique va mal… » un texte du blogueur Monofila

dormeur_0.jpgJe ne suis pas l’auteur du texte que vous allez lire. Un blogueur inconnu, Monofila, me l’a proposé, j’ai accepté de le publier, même si je ne souscris pas dans le détail aux présupposés et conclusions de sa réflexion. Après ces précautions d’usage, je vous soumets le texte, libre à vous de le commenter. (K.A)

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dormeur_0.jpgL’Afrique va mal…

« Celui qui ne sait pas d’où il vient, ignore où il va puisqu’il ne sait même pas où il est. » Ki-Zerbo

« Cher ami,

C’est avec peine que je t’écris ce mot, la main tremblante, les nerfs à vif: au cœur d’une profonde misère. J’entends te dresser en quelques lignes le petit inventaire de mon séjour dans le continent. Après en avoir pris connaissance, je t’invite à ne pas trop pleurer mais bien au contraire à réfléchir, réfléchir sur ce que tu peux faire ou apporter en tant qu’homme désormais conscient de la situation, pour venir au secours de tous ces hommes et femmes, tous ces pauvres enfants et innocents qui crient à l’aide.

A Paris, je rêvais d’une Afrique paradisiaque, une terre paisible, merveilleuse; c’était suite à une consommation exagérée d’images rapportées par nos agences touristiques. Or rien de cela n’est vrai. Et je m’aperçois de la duperie orchestrée par ces magazines pressés de vendre du papier et se faire des sous. C’est bien dommage que ce soit le contraire de qu’ils disent qui me soit découvert sur les lieux. Au fond cher ami, l’Afrique n’est que souffrances et douleurs, tribulations et enfer. Ce rêve, caressé depuis mon jeune âge d’une Afrique terre de justice et de paix, de bonheur et de joie, s’est hélas brisé les ailes au contact de la réalité ! Je n’en reviens pas qu’où je croyais pouvoir rencontrer des hommes justes et heureux, j’en vois des plus misérables et démunis, l’âme rusée et taillée par la douleur et l’espièglerie. Depuis l’aéroport, on vous prévient de toujours avoir un œil pointé sur vos bagages : on y est jamais à l’abri de vol. Des groupes de voleurs parfois déguisés en douaniers ou bagagistes, font le bonheur du marché noir de la capitale. ‘’Alors attention, vous qui venez d’y arriver pour la première fois’’, me prévient une vieille femme, déjà victime de leurs lubies. Après l’aéroport, le Centre-ville, les quartiers des hommes du pouvoir, où j’étais censé être reçu. Derrière les vallées, perdues dans les herbes et les décharges industrielles, plusieurs cités ou disons bidons villes. On y découvre, ahuris, toutes sortes d’éclopées, d’oisifs et désoeuvrés,’’ les déchets de la République’’ sont-ils qualifiés par les tenants de la bourgeoisie politique et membres du gouvernement, question de marquer l’éloignement avec le pouvoir central, organisé ici comme une cabbale. Et j’ai essayé de me renseigner sur leur situation et il m’a été rapporté qu’un tel regroupement témoigne en fait d’une non appartenance à l’ethnie au pouvoir : des chemisettes d’hommes à la chair rongée par la famine et la chaleur, la peau sur les os, marchant sur deux jambes aussi frêles, aussi squelettiques qu’on dirait deux tiges d’allumettes. Et ce en face du regard malveillant de leurs propres dirigeants bien en chair !- Potelés et ventripotents, diserts et comiques, les politiques d’ici font la pluie et le beau temps ; ils sont devenus célèbres grâce à de longs et époustouflants discours sur la pauvreté qui mine la survie des populations, à laquelle s’ajoute l’absence de moyens de lutte efficaces. Comme si ils étaient impuissants d’en venir à bout, nous les assistions à chaque meeting se larmoyer sur les estrades et crier aux malversations et à l’indifférence des grandes puissances économiques, tandis que leurs comptes en banque ne cessaient d’être renfloués, alimentés par les deniers publics et autres impôts exigés aux pauvres habitants : de centaines de milliards détournés et désormais tenus en épargne dans des banques suisses, finançant l’économie capitalistique ! Les critiques ont dû appeler cela par gestion trans-parente : devinez la pertinence. Une gestion en réalité trans-familiale, plutôt que transparente comme on le sait tous. Pourquoi se plaindre alors que rien ne marche depuis, quand on choisit l’apocalypse politique ? »

Extrait de Noire Misère, recueil de nouvelles inédit, quatrième de couverture, par D. Monofila. et A.S.D.

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