Georges Adéagbo voit le jour en 1942 à Cotonou au Bénin (Afrique Occidentale). Cet aîné de onze enfants quitte, à son corps défendant, la maison paternelle pour entreprendre des études universitaires. Après deux ans de droit à l’école supérieure d’Abidjan (Côte d’Ivoire), il poursuit ses études en France où il se distingue par son intelligence et son élégance vestimentaire. En 1968, il est sur le point de décrocher son diplôme, d’avoir un travail fixe et de convoler en justes noces avec sa fiancée française, quand l’annonce de la mort de son père fait soudain basculer son destin.

Georges Adéagbo voit le jour en 1942 à Cotonou au Bénin (Afrique Occidentale). Cet aîné de onze enfants quitte, à son corps défendant, la maison paternelle pour entreprendre des études universitaires. Après deux ans de droit à l’école supérieure d’Abidjan (Côte d’Ivoire), il poursuit ses études en France où il se distingue par son intelligence et son élégance vestimentaire. En 1968, il est sur le point de décrocher son diplôme, d’avoir un travail fixe et de convoler en justes noces avec sa fiancée française, quand l’annonce de la mort de son père fait soudain basculer son destin. Après avoir pendant trois ans tenu tête aux imprécations de sa famille le suppliant d’assumer son rôle d’aîné, Adéagbo se résout à retourner à Pâques au Bénin pour une brève visite. Or, c’était sans compter sur son neveu qui lui confisque ses papiers pour le retenir de force. Adéagbo refuse cependant d’assumer le rôle qui lui est traditionnellement imparti. Se languissant de sa fiancée et ne pouvant s’accommoder d’un mariage arrangé, il refuse systématiquement de rencontrer les épouses potentielles que lui propose sa mère. Chaque jour, Adéagbo passe des heures assis sur un rocher le long de la rivière à questionner le sens du destin et les lois de la nature. Sa famille refusant de lui prêter l’oreille, il se met à créer des constellations dans lesquelles il met en scène ses théories, déclinées avec des textes de sa propre plume et des objets usuels. Ses proches le déclarent fou et le font interner à huit reprises. Ses séjours en hôpital psychiatrique seront cependant chaque fois de courte durée car, perspicace comme il l’est, il ne tarde pas à convaincre les médecins du fait qu’il est sain d’esprit, mais d’une façon que les gens uniquement dotés de bon sens sont capables de comprendre. Lors du décès de sa mère en 1973, ses frères et surs quittent la maison, d’aucuns choisissant, pour comble d’ironie, d’aller s’installer en France. Toujours célibataire, Adéagbo se retrouve seul. Pendant 23 ans, il vivra avec des revenus minimes, lui permettant à peine de s’acheter de quoi manger et quelques cigarettes. En revanche, il poursuit sa quête philosophique qu’il transpose dans des installations. Au départ, il travaille dans sa chambre, mais ses uvres ne tardent pas à envahir la cour sablonneuse de sa maison. Jusqu’au jour de printemps 1993, où un commissaire d’exposition, venu à Cotonou pour rencontrer des artistes réputés, débarque par erreur chez lui. Etonné par ce qu’il y découvre, cet homme, que Adéagbo appellera après coup son « sauveur », s’empresse de prendre toute une série de photos qu’il compte soumettre à ses collègues parisiens. En 1994, Adéagbo est invité par Régine Cuzin à participer à une première exposition. Il s’agit d’une exposition collective intitulée « La route de l’Art sur la route de l’Esclave », organisée en France, près de Besançon. À partir de ce moment-là, Adéagbo apportera régulièrement sa pierre à de nombreux événements prestigieux avec des installations situationnelles dans lesquelles il décline l’histoire et la spécificité d’un site avec des objets trouvés ou créés à Bénin. À l’issue d’un processus de maturation de plus de vingt ans, totalement à l’écart de la scène artistique, Adéagbo peut se targuer d’une production artistique qui se soustrait à toute forme de mercantilisme et dont il préserve la pureté en la présentant comme une offrande à un site unique, à un moment unique. Ses uvres nous rappellent également qu’il existe des lois universelles de la nature et un destin dont on ne peut faire abstraction. En mars 1999, le commissaire indépendant Stephan Köhler invite Georges Adéagbo à réaliser une installation en hommage à la ville de Venise pour le Campo dell’Arsenale. Cette installation d’un jour, initialement destinée à un événement en marge de la Biennale, est sélectionnée sur le fil pour participer officiellement à dAPERTutto et lui vaudra de remporter le « Premio della giuria », son premier prix depuis qu’il a commencé à exposer en 1994.
Texte de présentation de l’expo signé Stephan Köhler
Visite à Cotonou de l’exposition sur rendez-vous jusqu’au 31 mars 2010 .
contact : Silvana Moï Virchaux . +229 96 74 17 85