Gaston-Paul Effa et le problème de l’animisme

Imprimer

G-P Effa (Photo Filbleu)La rencontre entre l’écrivain camerounais Gaston-Paul Effa et le public togolais, qui a eu lieu le 15 avril dernier à la résidence de l’Europe, fut belle, forte, épique pour tout dire. Difficile de résumer autrement le face-à-face entre l’auteur, professeur de philosophie au demeurant, et les nombreux intellectuels togolais qui avaient fait le déplacement: ce fut une belle passe d’armes! Il est vrai que l’auteur, présentant l’essentiel de son dernier livre, Le dieu perdu dans l’herbe. L’animisme, une philosophie africaine, n’y est pas allé par quatre chemins. Oui, les valeurs que l’animisme africain enseigne aux hommes ne sont pas des valeurs mortifères, et on pourrait même les élever au rang d’une philosophie. Le mot « philosophie » ici est polémique et non systémique précisera Effa, en réponse à la critique formulée par au moins deux intervenants dans le public, Dieudonné Ewomsan et le doyen Yaovi Akakpo, sans les convaincre pour autant.

Au fond, disons-le ouvertement, il y a un réel malentendu autour de la question de l’animisme. Une frange des intervenants a confondu par moments animisme et vodou, pensée globale et religion locale, s’offusquant même que le camerounais tentât de les ramener en arrière (sic) en prônant un tel retour aux sources de la pensée animiste. On a senti à cet instant précis la tension idéologique monter chez des chrétiens outrés. Nous enseignerait-on de redevenir faibles dans un monde si dur? Devrions-nous retourner dans les ténèbres de la superstition, ténèbres consubstantielles parfois, il faut aussi l’avouer, à un monde trop plongé dans l’animisme? Instant trouble, vite dissipé par les salutaires interventions des professeurs Goeh-Akue et Apedo-Amah; le malaise, selon eux, viendrait du fait que le vieux débat de l’aliénation de l’Africain n’a pas été résolu. Quelque part, se défendrait-encore contre quelque mauvaise conscience? Pas si sûr! Pour Gaston-Paul Effa, le débat n’est pas là, mais dans l’acceptation pour l’homme africain qu’il y a une réelle continuité entre toutes les civilisations humaines, et que les leçons de l’animisme africain se doivent d’être réappropriées, assumées pour une vie personnelle et sociale de qualité. Je vous assure que ce fut une soirée où le modérateur que j’étais n’a bu que du petit lait. Bonne semaine à vous!

One thought on “Gaston-Paul Effa et le problème de l’animisme”

  1. Super,
    je n’avais pas été présent lors de la rencontre avec Gaston-Paul EFFA, mais j’avoue que ce bref résumé m’a permis de savoir de quoi il était question lors de cette soirée. Il serait souhaitable que de telles rencontres, avec d’autres penseurs africains, se fassent assez souvent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.