Ferdinand Oyono: une vie d’écrivain

L’écrivain et ex-ministre camerounais Ferdinand Léopold Oyono, 81 ans, a été victime d’un malaise à Yaoundé, jeudi 10 juin 2010, au palais présidentiel, tout juste après le déjeuner offert au secrétaire général de l’ONU par le chef de l’Etat Paul Biya.

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J’ouvre le cahier des charges. Car je sais qui fut Ferdinand Oyono. Un écrivain hyper lu, hyper commenté, aux gestes hyper scrutés. Le modèle d’écrivain déclaré « engagé » qui fit grincer les dents les plus pointus de la critique littéraire africaine. Je veux dire, la mort d’Oyono, laissera indifférent certains, mais moi je ne peux pas rester indifférent à la stature de l’homme. Car, écrivain, il le fut. Et de talent. Ha, que ceux qui n’ont pas encore relu LE VIEUX NÈGRE ET LA MÉDAILLE se précipitent pour le faire! Je dis relu, car le problème des classiques c’est que l’empreinte ou l’écho qui les fonde finit par laisser dans la mémoire comme un brouhaha confus. Un maître-livre, qu’on nous citait au lycée comme le modèle de l’œuvre engagée. Alors, j’en viens, alors se plaindront plus tard les censeurs, comment un tel auteur a pu devenir ministre au Cameroun? Voici le nœud. On y revient sans cesse. Je n’ai jamais vu le rapport à établir entre le fait d’écrire contre la colonisation et celui d’accepter ou de refuser un poste pour servir son pays. Oyono, serviteur de dictateur, on a entendu la critique. Pas plus tard que l’an dernier, à Yaoundé où je séjournais, des étudiants ont osé descendre la statue du commandeur devant moi, pour ériger à sa place celle de Mongo Beti. Je ne ferai l’insulte à personne en disant que, parfois, je préférais Oyono à Beti, l’action politique étant d’une ingratitude totale, et celui-là ayant eu le courage de tâter du terrain, quand celui-ci arborait une vêture intellectuelle de critique de nos errements. OYONO vs BETI, voilà le faux dilemme devant lequel nous fûmes longtemps placés, sans que personne ose nous expliquer pourquoi nous devions choisir.
Oyono mort, relisons son œuvre, car pour le reste… bof, ne nous faisons pas d’illusion sur l’intemporalité de l’homme politique, même De Gaulle n’échappe pas à la critique, alors que dire d’un serviteur d’État en république dite bananière!
P.S. On lui doit, au moins, le droit d’auteur au Cameroun:

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