Le patrimoine et nous, quel immense malentendu ! Je ne sais si vous êtes passé ces derniers temps dans l’ancienne rue du Commerce (ex Hamburg Strasse), rebaptisée depuis Rue Sylvanus Olympio. Rue emblématique sur laquelle trônait récemment encore le non moins emblématique Hôtel du Golfe, ex Mineto, l’un des deux plus vieux établissements hôteliers du Togo avec l’Hôtel Le Bénin jusqu’en 1975 ! Pour un pays qui aime à se rappeler sa propre splendeur, nous sommes passés à côté d’une belle occasion de défendre notre mémoire. L’Hôtel du Golfe a été réfectionné, quoi de plus normal, c’est une propriété privée ; mais cela s’est fait dans le strict mépris des lois patrimoniales. Ce qui prouve a contrario une chose : nous ne sommes pas de vrais défenseurs de notre mémoire patrimoniale. La belle galerie en bois à l’entrée de l’hôtel a disparu. Elle rappelait non seulement un passé colonial, mais surtout un riche passé architectural et artisanal. La modernité d’un pays se joue dans l’application des lois qu’il se donne, or le Togo dispose d’une loi sur le patrimoine, la loi n° 90-24 du 23 novembre 1990 relative a la protection du patrimoine culturel national. Cette loi assure la protection du patrimoine culturel national. Conformément à l’article 2, le patrimoine culturel national concerne: « l’ensemble des biens meubles et immeubles religieux, artistique, littéraire ou touristique et dont la conservation et la protection revêtent d’une importance majeure pour la communauté nationale ». Les articles 5, 6 et 7 dressent une liste des biens meubles et immeubles qui sont concernées par la protection. Lorsque les biens sont considérés comme faisant partie du patrimoine culturel national, ils tombent dans le domaine public. L’Hôtel du Golfe (bien privé, oui d’accord) aurait pu être réfectionné avec un cahier de charges précis si la loi avait été appliquée, nous aurions sauvé en le rénovant ce symbole important de notre histoire coloniale ! Personne n’aurait été lésé dans l’affaire.
Nous devrions y arriver un jour, avant que tout ne soit détruit : transformer en respectant ce que le temps, l’histoire nous ont aidé à construire. Le patrimoine est divers, il touche même jusqu’au végétal (convention de 1972). Oui, quand nous traçons nos routes, pensons à nos arbres, notre couvert végétal exceptionnel, badamiers, beaux baobabs coupés sans état d’âme. Pensons au temps qu’il a fallu pour qu’ils apparaissent sur nos côtes, un miracle en soi, déjà, puisque les baobabs par exemple sont réputés ne pas pousser dans les zones maritimes ! Bonne semaine à vous, lecteurs !
C’ est vraiment d’homage, mais avec ce reveil je crois que nos dirigents vont devoir prendre cet aspect de nos patriomoines en consideration. Merci Camarade.
Très pertinente observation! la même est valable, je pense pour la réfection de l’ancien Jardin Fréau, aujourd’hui Place Anani Santos.
A l’allure même où de nouvelles bâtisses poussent à la place des anciennes maisons, au cœur d’Adawlato et ses environs, on peut craindre qu’à l’avenir Lomé ne dispose pas de vieux quartiers.
Vivement que ta réflexion entonne un travail en profondeur!