Le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie rappelle à bon escient la fameuse recommandation de lUnesco à tous les pays ACP : consacrer au moins 1% du budget national à la culture ! En Afrique, combien de pays y parviennent ? LAfrique du Sud, le Bénin ? Combien ont mis en place un statut de lartiste, pour commencer par là ? Le Burkina-Faso ? Et quid des lieux de travail pour les artistes (salles de spectacles, musées, conservatoires, écoles de formation
) ? Mais dans lautre sens, combien dartistes développent un rapport aux espaces publics, surtout nos artistes visuels ? Quant aux journalistes culturels censés être les relais efficaces des artistes et créateurs, ils sont le cache-misère de la profession en Afrique. Quant au mécénat !
De façon générale, je suis daccord avec Jens K. Rasmussen, directeur du Centre Culturel pour le Développement du Danemark, lequel doute que la culture soit une priorité quel que soit le pays, devant les questions déducation, de sécurité ou de social Partout, il faut convaincre. Mettre ensemble, comme le dit le ministre ivoirien, plusieurs ministères ne suffit pas, il faut une réelle volonté politique pour faire de la culture aussi une priorité, à un instant « t » de la vie dune nation (ou d’n Etat), et les arguments pour convaincre le politique, nous ne les avons pas souvent. Pour J.K. Rasmussen, il faut créer ce quil appelle des « demonstrative effects » pour convaincre les décideurs quels quils soient. Et de rappeler de se souvenir, à cet effet, de limpact du drapeau national sur le citoyen dun pays où quil se trouve dans le monde. La culture dun pays devrait avoir le même effet sur le politique que le drapeau national.
Le partenariat public-privé en Afrique du Sud, tel que lexplique Sikkie Kajee, Président de Business and Arts of South Africa (BASA), confirme lidée que seule la volonté peut faire de la culture un business. Le Basa est privé, mais participe au financement de projets culturels publics et privés. Il fonctionne aussi par une collecte régulière dinformations pour convaincre les sponsors et forme les artistes à sadapter aux évolutions dans leurs disciplines. Quelque part, cela signifie quil faut des passerelles fiables entre le public et le privé, et pour Paul Van Paaschen, directeur du Fonds Hivos des Pays-Bas, quoi de mieux que les fondations pour jouer ce rôle tampon ! Lallusion aux fondations ma fait sourire, car cest exactement ce que je mévertue à expliquer au Togo, régulièrement, à certains anciens ministres et autres cadres fortunés possédant un carnet dadresses monstre : créer des fondations, comme la fait lartiste de la chanson King Mensah, pour aider les artistes à sortir de lattente que lEtat viendra à leur secours !
Mais, quelle que soit la structure, fonds publics, fonds privés, fonds mixtes, fondations privése ou publiques, le constat reste le même : sans limplication des Etats (juridiquement, structurellement et financièrement), rien de durable ne peut être envisagé en terme de développement culturel. Et donc, on retombe sur nos pattes , du moins pour ce qui concerne l’Afrique, il faut marteler lévidence, eu égard aux vrais centre de décisions, que la culture peut devenir un véritable chantier présidentiel, et aussi se dire la vérité que les Etats africains, tous sans exception, se doivent de créer urgemment des Fonds daide à la Culture pour éviter la trop longue dépendance, que fustige Etienne Minoungou, des artistes africains vis-à-vis des subventions internationales.