Jeudi 25 mars. Le jour se lève sur Malabo. La même brume épaisse depuis mon arrivée. Ciel de plomb. Une rumeur court dans la ville. Un prophète nigérian aurait prédit la fin du monde pour aujourdhui. Paraît-il que tout le gouvernement a fui la ville menacée par les eaux pour Bata. Paraît-il seulement. Jai rendez-vous à dix heures à luniversité.
Jeudi 25 mars. Le jour se lève sur Malabo. La même brume épaisse depuis mon arrivée. Ciel de plomb. Une rumeur court dans la ville. Un prophète nigérian aurait prédit la fin du monde pour aujourdhui. Paraît-il que tout le gouvernement a fui la ville menacée par les eaux pour Bata. Paraît-il seulement. Jai rendez-vous à dix heures à luniversité. Ah, rencontrer les étudiants avant que les eaux ne memportent. La directrice de lICEF memmène à bord de sa voiture. Une fois arrivés, nous poireautons grave sur le parking de luniversité. Personne, apparemment ne nous attendait. Jaccuse le coup, mais ne dit rien. Presque une demi-heure à aller de gauche à droite, à parler à des gens que lon semble importuner, enfin cest limpression que jai eu. Finalement, un prof nous fait entrer dans une grande salle où traînaient quelques spécimens de la gent estudiantine. LAfrique et sa désinvolture magnifique. Dix minutes plus tard, alors que javais fini de désespérer, la salle se remplit soudainement. Surgis de nulle part, les étudiants sinstallent dans un brouhaha poli. Ils ne parlent pas tous français. Pas grave, je vais puiser dans mes réserves despagnol, et puis je pouvais compter sur cette bonne âme dIvanne, interprète de facto. Et ça marche ! Rien nétant préparé du côté de mes hôtes, et détestant imposer mes préoccupations aux étudiants, jai inversé les rôles pour laisser parler la salle. Existe-t-il des écrivains en Guinée Equatoriale, et où en est lenseignement des littératures africaines ? Cela a suffi à déclencher le dialogue. Et de fil en aiguille, jai quand même fini par comprendre que pour une si jeune université, enseigner les auteurs africains est un défi pas encore relevé. Jai quand même été heureux de léchange. Jai quitté la fac vers 14h. Létrange brume planait toujours, à cette heure-là, sur la ville, et la chaleur devenait accablante. Vite rentrer au frais à lhôtel et mourir dans mon lit, ça craint
ah ces prophètes nigérians !
A 19h, jétais de retour à lICEF pour une conférence où lon ma encore reproché de ne pas être un écrivain engagé. Ah, si jétais au moins un prophète engagé !