Le point de vue du professeur Huenumadji AFAN à propos de la célébration du 27 Avril au Togo. Source de l’article: http://www.oduland.com/afan/04063.htm
TOGO : LA DENT DOR
« Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon quil fût vrai que la dent était dor.
Quand un orfèvre leût examinée, il se trouva que cétait une feuille dor appliquée à la dent,
avec beaucoup dadresse : mais on commença par faire des livres, et puis on consulta lorfèvre. »
FONTENELLE, Histoire des oracles
Le Togolais moyen est fier dune chose, irrémédiablement fier : il est fier de son « indépendance », de l « indépendance » du Togo, l « or de lhumanité ». Seul Gnassingbé Eyadèma, apparemment, a su faire exception. Pas une seule fois, durant son long règne, il ne succomba à la tentation de fêter le 27 avril Patatras ! Eyadèma sest éteint, et est remise au goût du jour la grande supercherie, on redonne du lustre à ce gros mensonge d « indépendance » Les préparatifs vont bon train ; des artistes sont importés de divers horizons afin que soit assuré aux populations un spectacle grandiose, à la mesure de l « événement ». Echo à la Commission nationale de réhabilitation de lhistoire du Togo, tout cela est fait, non pour être dans la vérité, mais pour donner des gages à ladversaire politique. Laissez-moi tout de même vous dire une chose : fêtez, fêtez, joyeux Togolais ; sachez au moins que vous célébrez lanniversaire dune fausse couche, de quelque chose qui na jamais existé. Allez-y tout votre soûl, si cela peut vous consoler de vos frustrations
Quest-ce que le 27 avril ? Cest le jour où la communauté internationale, sous couvert de lONU (Organisation des Nations Unies), a fondé lembrouillamini politique au Togo, avec la complicité intéressée de la classe politique togolaise. Ce jour-là, en particulier lopposition dalors avait délibérément fait le choix dun opportunisme cynique, consistant à sappuyer sur un radicalisme populiste de surenchère, qui lui a permis d accéder au pouvoir en saccommodant des conditions restrictives dun gouvernement dautonomie interne quelle avait pourtant dénoncées comme étant une trahison. Les élections législatives anticipées du 27 avril 1958, bien quelles fussent supervisées par lONU, ne pouvaient nullement conduire à lindépendance-rupture consignée dans le slogan « ablodé » : elles sinscrivaient dans la logique du referendum, juridiquement et politiquement déterminant, du 28 octobre 1956 par lequel le Togo a entériné la Loi-Cadre française du 23 juin 1956, et définitivement basculé dans le giron de la France. En participant aux législatives du 27 avril 1958, la classe politique, contrairement à ce quelle laissait croire aux populations togolaises, a accepté la mise à mort de lindépendance-rupture. Conséquence : indépendance-amitié négociée avec la France, camouflage de cette machination par la proclamation tonitruante dune « indépendance-ablodé » de façade et, depuis lors, tentatives obliques désespérées de rupture de ce pacte originel Et le bouquet : alors quils savent pertinemment que le sort du Togo est juridiquement et politiquement lié à la France, les hommes politiques togolais, par calcul politicien, jouent à qui paraîtra le plus anti-France !
Il faut savoir mettre fin à larnaque. Les Togolais doivent avoir honte de leur « dent dor ». A cet égard, la Constitution doit être révisée : une date mérite de ne pas y figurer, la date du 27 avril, faux symbole dune fausse résistance. Cest la condition minimale dune vraie réconciliation politique au Togo.
Huenumadji AFAN
A suivre !…