« Le désert sétend, mon désert sétend. Lhorizon de lespoir est loin de moi. » Ces mots, sous sa plume, mont toujours paru relever dun pessimisme inattendu. Lui si dynamique, si lucide, observateur engagé dune des dictatures les plus perverses que le continent noir ait enfantées, céderait-il aussi au conformisme ambiant ? À moins dy voir dans ces propos, chez lancien étudiant de philosophie, un écho lointain de Nietzsche, de son cri répétitif dans les Dithyrambes pour Dionysos : le désert croît, malheur à qui recèle des déserts ? Auquel cas le propos, censé éclairer la totalité dune vision plastique, perdrait sa consonance tragique et rejoindrait lappel du philosophe à lartiste : activer les puissances dinnovation contre les forces du chaos, supputer lespoir autrement. Il me semble que la démarche de Sokey Edorh, son imaginaire depuis des années, obéissent généralement au schéma dune lutte sans merci contre lavancée et lemprise des déserts de lesprit.