
A Lomé, semble-t-il, le comportement des joueurs de l’équipe nationale du Togo désenchante la population. Faut-il le répéter, à nos citoyens naïfs, le foot version Kaolo ou Pelé a rendu l’âme, le sport n’est plus ce qu’il était. Bizness is bizness, et les joueurs togolais ont raison, en toute logique, de priviligier leur compte bancaire à l’honneur du pays. Ils réclament des primes, eh bien qu’on leur paye ces foutues primes, puisque c’est la règle du jeu désormais, pour toutes les équipes du monde! Ecoutez, quand Zidane rate un penalty dans son match contre la Chine, en glissant au moment de tirer, qui accuse-ton dans la presse française? Eh bien, l’équipementier du joueur, qui lui aurait fourgué de mauvaises chaussures! On en est là, et même Miss Togo-World Cup n’y pourra rien à la baise (euh… la baisse) de patriotisme des pauvres Eperviers encore sous le coup de l’éviction de leur entraîneur et des sautes d’humeur de leur attaquant vedette. Moi je n’ai qu’un conseil: les gars, perdez vite et revenez « chez vous » dans vos clubs respectifs, personnellement je n’aime pas le foot et je ne verserai pas de larmes à votre éliminitation. Mais de grâce, faites la bise à la Miss World Cup, de ma part, si vous la rencontrez dans les couloirs du Mondial. Pourquoi? Parce qu’elle le vaut bien.
Le sort des Eperviers m’importe peu. Par contre, oui, le devenir du dialogue national togolais me tient à coeur, je n’y peux rien. L’optimisme qui semblait guider les travaux du dialogue semble avoir disparu depuis la publication par les journaux locaux et les sites internets de la diaspora, du « projet d’accord national global » (http://www.letogolais.com/article.html?nid=2680). Au vu de l’importance des enjeux du dialogue, il importe que des critiques constructives soient rapidement apportées à ce projet d’accord, en lieu et place de la volée de bois vert qui l’a accueilli à sa publication. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve que la position de Me Agboyibor, le président du dialogue national est sereine et fair-play, qui en appelle au feu nourri des critiques, mais dans le sens d’une amélioration de notre manière à penser le politique. A-t-il tort, a-t-il raison quand il déclare : »Dans le passé, nous avions privilégié la précipitation, la démagogie et les suspicions. Nous en avions vu le désastre. Cela a coûté 14 ans de traversée de désert à nos populations. Aujourdhui, nous devons rechercher et réussir autrement le changement en procédant par étapes, car chaque petit pas réalisé permet de poser par la suite un grand pas. » La question est cruciale, et elle est posée à l’ensemble de l’intelligentsia togolaise, celle de l’intérieur comme celle de la diaspora, comment faire avancer un pays aussi miné si les modalités de la réflexion ne changent pas, et si chacun arrêtait de rouspéter dans son coin ou de faire son Hobbes ou son Rousseau, juste en vitupérant les efforts des autres? Puisse la prière du peuple togolais être entendue, et que ce dialogue n’accouche pas seulement du fameux « government magic » dont Fela persifle les limites dans sa chanson « Unkown Soldier, Part II. » Je donnerai bien une élimination des Eperviers contre la réussite de ce dialogue bizarre! Bon, j’arrête, on va encore me reprocher de m’occuper de choses qui ne me regardent pas. Alors, ce soir, Allemagne/Costa-Rica, quel est votre pronostic?
P.S. la photo 2, celle des chérubins noirs, « supporters de foot virtuels », je l’ai piquée à mon ami Alain Brezault, dans une des planches de sa BD africaine destinée à la jeunesse : « Les aventures de Yao-le-Malin », le dessin est de Julien Lamanda.