
Aujourdhui, la perplexité et lagacement gagnent les milieux artistiques togolais qui ne comprennent pas. Alors, se multiplient des initiatives – pétitions, réunions, concertations – pour que se dénoue cette situation qui, tout en privant la culture dune reconnaissance nationale et dune source certaine de financement, contribue à hypothéquer le développement culturel dans notre pays considéré à tort ou à raison par certains critiques comme un « désert culturel » ! Quattendent donc les autorités togolaises pour doter le Fonds dAide à la Culture et créer lorgane chargé de son animation ?
Ce quest le Fonds dAide à la Culture (FAC)
Il faut rappeler que cest le 23 novembre 1990 que le Président Eyadéma a signé la loi n° 90-24 relative à la protection du patrimoine culturel national. Cette loi par laquelle « lEtat assure la protection et la sauvegarde du patrimoine culturel national » et « en favorise la mise en valeur et lexploitation » a prévu dans son article 6, la création dune Commission Nationale du Patrimoine Culturel (CNPC) qui est effective depuis quelques années et dans son article 37, celle dun Fonds National de Promotion Culturelle (FNPC).
Ce fonds créé en 2009 sous lappellation du Fonds dAide à la Culture (FAC) « est un établissement public à caractère professionnel, à but non lucratif, doté de la personnalité morale et de lautonomie financière. » Il est placé, selon le décret de création, sous la tutelle du ministre chargé de la Culture et du ministre chargé de léconomie et des finances. Il est alimenté par les subventions, legs et donations de toutes sortes, le produit de la vente des reproductions des biens culturels et des publications du Ministère chargé de la Culture.
Le Fonds est destiné à la promotion et au financement de toute action culturelle présentant un intérêt national. A ce titre, il permettra précisément de participer à la construction, à la réhabilitation et à léquipement dinfrastructures culturelles ; daider à la création artistique, littéraire et cinématographique, de favoriser la participation du Togo aux grands rendez-vous culturels, foires et festivals nationaux et Internationaux ; de soutenir les projets culturels ayant un impact positif sur les populations ; de promouvoir les traditions culturelles ; daider à acquérir les équipements culturels, de favoriser la promotion, la diffusion, la préservation et la conservation (sur tous supports) du patrimoine culturel national ; de soutenir les associations et regroupements culturels pour une meilleure émergence des initiatives culturelles de base ; daider à lédition des ouvrages littéraires et artistiques et/ou à leur numérisation ; de promouvoir les industries culturelles et en faire un levier de développement.
En somme, le FAC a été prévu pour brasser large et contribuer effectivement à faire des secteurs des arts et de la culture, de véritables outils de réduction de la pauvreté et de la croissance socio-économique, ce qui est par ailleurs la vocation de la culture. On comprend lenjeu de la mise en uvre du FAC et pourquoi les acteurs culturels sont inquiets.
La perplexité gagne les artistes qui ne comprennent pas pourquoi le FAC nest pas mis en route
« A quand le Fonds dAide à la Culture au Togo ? Telle est la thématique centrale de la 12ème édition du Festival de Théâtre de la Fraternité (FESTHEF) qui sest tenu à Lomé et à Assahoun (50 km à louest de Lomé), du 24 au 31 août 2011.
En effet, le Festival de Théâtre de la Fraternité (FESTHEF) a célébré lédition 2011 sous le signe des rencontres et de grandes interrogations. Des questionnements ont porté sur lavenir des manifestations culturelles et artistiques organisées au Togo et sur le sort des professionnels qui ont limpression dêtre abandonnés et oubliés par lEtat. Tout le monde est unanime : lune des solutions à leffort des professionnels des secteurs de lart et de la culture et au financement des événements culturels et artistiques au Togo est bien lactivation du Fonds dAide à la Culture (FAC).
Cest parce que la mise en route du FAC tarde, on ne sait pour quelle raison la raison, que le FESTHEF a convié les acteurs culturels à une causerie-débat consacrée à la thématique le jeudi 25 août 2011 de 18H à 19H30 à Lomé et le mercredi 31 août dans laprès-midi à Assahoun. La préoccupation était celle-ci : beaucoup de pays africains ont mis en place depuis belle lurette un Fonds spécial daide aux secteurs des arts et de la culture, notamment (et pour citer les cas proches du Togo), le Ghana, le Mali, le Bénin. Ce dernier par exemple la alimenté à hauteur d1 milliard de francs CFA (1.524.490 deuros) appelé le ?milliard culturel?). Quest-ce qui bloque la mise en uvre du Fonds dAide à la Culture au Togo ? Linterrogation pour le moment reste sans réponse
Devant le silence et linaction du pouvoir public, que faut-il faire alors ?
Une situation somme toute absurde
Lassistance à la rencontre de Lomé lancée par le FESTHEF était composée dartistes et de professionnels de la culture venant du Togo, du Bénin, de la Côte dIvoire avait eu à échanger sur les stratégies à mettre en uvre. Nos hôtes étaient même surpris que le Togo en reste encore là.
On apprend dans cette rencontre que beaucoup dacteurs sactivent depuis des mois et affûtent des armes pour amener les autorités à honorer leurs propres promesses. Il faut relever labsurdité de la situation créée : pourquoi lEtat a-t-il trouvé opportun de créer un Fonds nécessaire au développement de la culture et du pays et nen fait plus rien ? A qui incombe linitiative pour réparer cet oubli ? Au Ministre de la Culture qui a promis devant témoins depuis la remise du Prix dExcellence de la CEDEAO que cela va se faire ? À défaut de trouver des réponses aux nombreuses énigmes créées par cette situation, les uns et les autres ont échangé sur les stratégies et la causerie sest achevée sur un goût dinachèvement et de dépit.
Il reste à espérer que cette initiative parvienne aux décideurs pour quils prennent effectivement leur responsabilité. La promesse doit être tenue. Il va de lintérêt de tous les acteurs et en premier lieu de notre pays qui a besoin que des initiatives soient multipliées pour améliorer le quotidien des citoyens, surtout que le secteur culturel est avéré être un secteur pourvoir demplois, de devises et contribue de facto à la réduction de la pauvreté et à ennoblir limage dun pays.
La Rédaction © Togocultures