Peut-on vraiment écouter les morts ?

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photo_1348683726173-3-0A douze ans, ou treize, je ne sais plus trop, j’ai vécu une expérience curieuse. Je rentrais de l’école, lorsque j’ai aperçu à presque cinq cent mètres de l’angle de la rue qui menait à la maison de mon père, la silhouette charpentée de mon oncle maternel. Ce dernier, malade, était venu à Lomé se faire soigner chez ceux que l’on nomme habituellement les Chrétiens Célestes. On parlait d’envoutement, chose dont on avait promis à ma mère qu’on délivrerait son frère. En voyant mon oncle marcher devant moi, j’ai conclu à sa guérison, et à son retour au bercail. J’ai couru après lui, heureux de le retrouver. Il tourna dans la rue, et je le suivis… Arrivé à la maison, j’appris de façon opportune que l’oncle était mort le matin pendant que j’étais à l’école. Jusqu’à ce jour, il m’arrive de me demander quelle était la réalité de ce que j’avais vu. Si les morts pouvaient parler, peut-être que mon oncle répondrait à une question aussi puérile : m’était-il apparu, comme cela arrivait à des personnages  dans les romans que je lisais pour mon âge ? J’ai assisté plus tard dans la vie à des expériences douloureuses, j’ai accompagné chez l’oracle funèbre, une fois, une amie qui avait perdu sa fille unique. Elle voulait désespérément parler à celle-ci, comprendre si elle allait bien là où elle était. Malheureux, j’étais resté dehors, convaincu que les morts ne peuvent pas parler, ou du moins ne devraient pas, car la parole fait partie de l’expérience de la vie, et l’usage que  nous autres humains en avons, suffit déjà pour une vie. A quoi bon s’embêter à parler encore une fois mort ?

Les morts parlent-ils vraiment ? Victor Hugo y croyait. Et ce pauvre Sir Athur Conan Doyle, inventeur de Sherlock Holmes s’était fait plumer par les spirites de son temps, qui lui promettaient le contact avec son défunt fils. Même quelqu’un d’aussi sérieux que Thomas Edison en avait rajouté du sien. C’est un livre bien curieux que celui que je viens de lire. 66589Le royaume de l’au-delà est l’unique texte de Thomas Edison (1847-1931) rassemblant ses recherches dans le domaine des sciences psychiques. Après avoir déposé ses 1093 brevets dont la lampe à incandescence, la pile alcaline, la chaise électrique ou le phonographe ne sont que quelques-unes des inventions les plus marquantes, Thomas Edison aurait tenté de mettre au point une machine à communiquer avec les morts Si le nom de Thomas Edison est communément associé à de nombreuses prouesses techniques, il en va tout autrement de ses recherches psychiques. Alors que la plupart de ses biographes ont exploré les moindres détails de son œuvre, ils restent toutefois silencieux sur les expérimentations que mena pourtant Edison, durant les dix dernières années de sa vie, afin d’entrer en communication avec les morts. Quel fut au juste son projet inachevé de ”nécrophone” ? « J’ai cherché à construire un appareil scientifique, permettant aux morts, si la chose est possible, d’entrer en relation avec nous. Si ce que nous appelons « personnalité » subsiste après la mort, si les êtres qui ont dépouillé la forme humaine ne peuvent agir et se mouvoir, ils communiqueront, du moins avec ceux qu’ils ont laissés ici-bas, grâce à mon appareil qui leur donnera cette possibilité d’agir » J’ai refermé le livre avec un soulagement: putain, et s’il y était parvenu, quel pensum cela aurait été de déranger le sommeil de nos morts ! Ecouter les morts est un rêve poétique. Daniel Paul Schreber, l’auteur des Mémoires d’un névropathe, et Friedrich Jürgenson, pensaient tous deux qu’il était possible d’entendre la voix des morts à travers le chant des oiseaux… il faut donc les enregistrer ces chants et en moduler le débit… Tout est une histoire de fréquence, les vivants et les morts n’occuperaient pas la même. Allez, sans vous munir de quelque machine, relisez simplement Souffles de Birago Diop : la mort est le problème des vivants, eux seuls veulent trans-communiquer ! Bonne semaine à vous, lecteurs!

One thought on “Peut-on vraiment écouter les morts ?”

  1. Bel apercu de cet enigme qui tortue les ames dous les vivants. J’ai ete attire par l’introduction qui m’a donne la chair de poule. Pusique dans la meme ville et pas loin de Kpota j’avais vecu une situation pareille. Cette fois-ci au cours d’une nuit ou je me rappelle (encore aujoud’hui) avoir touche la bosse nue d’un oncle qui serait mort le lendemain. Je crois comme le disait Birago Diop dans son poeme, <>, que les morts ne sont pas morts. Communiquer avec eux est toute une autre affaire que enfin les ecrits de Paulo Coelho me permettent de relativiser.

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