D’habitude, on célèbre le centenaire des écrivains après leur mort, il s’agit des centenaires de commémoration de l’oeuvre. Ou plus souvent encore, on triche, en rajoutant quelques années à la date de décès de l’auteur pour proclamer fièrement « il aurait eu cent ans cette année ». Dans le cas de l’écrivain ivoirien Bernard Dadié, le constat est simple: il a eu cent ans aujourd’hui, de son vivant, puisqu’il est né en 1916. Cela vous en bouche un coin, je suppose? Beaucoup, vu la longévité du nom dans les mentions aux littératures africaines, avaient certainement déjà enterré le natif d’Assinie. Mais au fond, un écrivain centenaire, cela a-t-il un sens quelconque pour les Ivoiriens eux-mêmes? J’ai posé la question à celui que je considère comme le fils spirituel du vieux, le poète Josué Guebo. A la question, « que signifie avoir cent ans pour un écrivain en Côte d’Ivoire », ce dernier m’a fait remarquer que comme partout ailleurs, atteindre un âge aussi rond traduirait d’une certaine manière un premier pied dans l’immortalité de la création, symboliquement. Avant d’ajouter, « c’est narguer le pire des obscurantistes : la mort. C’est offrir une belle occasion de réflexion et de réjouissance à toute la communauté intellectuelle d’un pays. » Mais j’ai voulu en savoir un peu plus. Dadié aura-t-il marqué de son écriture ou ses idées d’autres écrivains ivoiriens, ai-je poursuivi? Pour Guebo, « Dadié a marqué et continue de marquer l’essentiel des écrivains ivoiriens. Écrivain, pour le moins attentif à l’actualité, son œuvre épouse, à grands traits les thématiques du moment. C’est une posture que bien d’auteurs ivoiriens tiennent de celui qui reste le premier dramaturge (1933), le premier romancier (1956) et le premier poète de Côte d’Ivoire. »
En avril 2014, l’homme m’avait reçu dans son jardin, dans sa maison d’Abidjan, en compagnie du même Josué Guebo, mon guide dans cette expédition un peu folle: j’avais apporté avec moi un exemplaire de son recueil de nouvelles, Les jambes du fils de Dieu, et je m’étais juré de ne pas repartir sans une dédicace. Je l’avais trouvé en forme, Dadié, sain d’esprit et les jambes solides, même plus solides que les miennes. Au fond, pour moi, la dédicace était un prétexte. Je voulais voir de mes yeux Dadié, je voulais lui raconter un fait. Si j’étais devenu nouvelliste, c’était parce que j’avais reçu un choc en lisant Les jambes du fils de Dieu. Il y a longtemps, dans ma quête d’un sens à la vie à travers les livres. Ce fut un vrai choc qui m’aura poussé à explorer la technique de l’écriture des nouvelles. Dadié était entré dans ma vie, à jamais. Plus tard, j’ai joué dans sa pièce fétiche, Monsieur Thôgô-Gnini, tenu le rôle principal, et assuré quelques succès auprès des nanas de mon collège, dans un bled nommé Mission-Tové-Kovié! L’homme avait donc un sens dans ma vie, littérairement et socialement si je puis dire. Sérieusement, il fait partie de ces auteurs africains qui m’auront marqué par une rencontre sensible. Si j’avais un regret, après avoir presque tout lu de lui, c’est de ne pas avoir osé entrer davantage dans sa poésie, mais là il s’agit d’un syndrome personnel que je ne saurais étaler dans ces lignes. Dadié vit encore, il a cent ans aujourd’hui, que ceux qui peuvent témoigner de son importance pour eux-mêmes ou pour la littérature africaine lèvent la main! J’observe ceci pour terminer: Dadié a obtenu deux fois de suite le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire pour ses deux récits Patron de New York, 1965 et La ville où nul ne meurt, 1968. Il était écrit qu’il vivrait deux fois le demi-siècle, et qu’il se survivra à lui-même, il faut croire.
Cher Alem, on aimerait en savoir plus; vous aimez la poésie de Dadié ou pas?
J’aime la poésie de Dadié, pour le peu que j’ai lu… mais justement, j’en ai lu si peu et cela me désole. Le problème avec moi c’est que je lis et relis toujours mes poètes préférés, je sais c’est bizarre… je devrais faire l’effort de m’ouvrir aux autres… la ve est courte et la poésie pour moi est un viatique intime
C’est fascinant. Cher Alem, vous ressusciter là, un vivant!
Tu as vu non? Vive Dadié vivant si je puis me permettre l’horrible formule
C’est fascinant. Cher Alem, vous venez de ressusciter là, un vivant!
Salut Alem ! Une phrase que tu as retenue de lui dans ce off.. ? Le regard du vieux lui même sur son parcours.
Le vieux ne parle pas de lui, il passe son temps à te poser des questions, il te fait plus parler que lui ne parle. C’est pas un gâteux, il est encore curieux des autres à son âge… En off… il adore parler des femmes, mais bof nous en sommes tous là non? Un peu…
Brave homme dadié sur qui la litterature africaine a connu un foisonnement remarquable.il faut avouer que bernard est une reference notoire car il baucoup milité pour la survie de la litterature ivoirienne.
que son ame repose en paix
Kangah c’est quoi ton truc ? Le vieux est bel et bien vivant !
Pour son œuvre j’ai décidé de faire À pour mieux m’améliorer en littérature j’ai aimé
merci pour le bien fait grand père