Le masque à la fraise

judybrazil_0.jpgQuel est le plus beau souvenir qu’un enfant garde de son séjour à l’hôpital pour cause d’opération? Cette question s’est imposée à moi lorsqu’il y a peu j’ai conduit ma fille dans une clinique pour une opération bénigne des amygdales, vous savez ces trucs mous au fond de la gorge…

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judybrazil_0.jpgQuel est le plus beau souvenir qu’un enfant garde de son séjour à l’hôpital pour cause d’opération? Cette question s’est imposée à moi lorsqu’il y a peu j’ai conduit ma fille dans une clinique pour une opération bénigne des amygdales, vous savez ces trucs mous au fond de la gorge, qui pourrissent la vie aux gosses et que les adultes, par snobisme, quand ils sont acteurs ou actrices de cinéma ou de théâtre, refusent de se faire enlever, même lorsqu’ils accumulent angines et extinctions de voix. Enfant, j’ai le souvenir d’avoir été conduit par deux fois au dispensaire par mon pater. La première fois chez une infirmière, à cause de violentes douleurs au ventre, la seconde fois chez un oncle infirmier, pour crise carabinée de paludisme. On m’a soigné, c’est vrai, sans m’expliquer ni pourquoi il fallait avaler tant de comprimés amers ni supporter ces injections à l’aide de ces aiguilles de seringue dont mon cerveau affolé redimensionnait la taille. Ah, les aiguilles de nos infirmiers, elles ont paralysé plus d’un gosse, au propre comme au figuré! Ce que je veux dire? Que jamais les gestes de mes infirmiers ne m’ont fait rêver.

L’anesthésiste de ma fille, en expliquant à cette dernière ce qu’elle allait lui faire pour l’endormir avant son opération, m’a rappelé toutes ces histoires d’incommunication entre malades et et personnel soignant. Quand elle lui a montré le masque d’inhalation et précisé que la sienne aura une odeur de fraise, mon coeur de poète contrarié a raté plusieurs marches à la case souvenir et, à rebours, j’en ai voulu aux « docteurs » de mon enfance. Des heures durant, ma fille a répété « fraise, masque à la fraise, fraise », comme un jeu, une promesse immense de douceurs, de senteurs. J’ai compris alors pourquoi enfant, même malade à crever, je préférais simuler la bonne santé, rien que pour éviter qu’on m’emmenât voir le « docteur », lequel n’avait aucun de ces masques magiques à me proposer, ni à la mangue, ni à la citronelle! L’opération de ma fille s’est très bien déroulée. Nul doute que devenue adulte, elle se souviendra encore de cette odeur factice qui lui a permis d’exorciser ses peurs face à l’anesthésie!

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