Le maçon et le plâtre

Zhuang Zi.jpgOn connaissait un plâtrier qui, dès qu’un morceau de plâtre, si petit qu’il fût, même minuscule, lui tombait sur le nez, demandait à un de ses compagnons, maçon comme lui, de lui enlever ce plâtre d’un coup sec de sa truelle. Son compagnon s’exécutait, presque sans regarder, sans viser, la lame de la truelle sifflait dans l’air, enlevant le petit morceau de plâtre.

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Zhuang Zi.jpgOn connaissait un plâtrier qui, dès qu’un morceau de plâtre, si petit qu’il fût, même minuscule, lui tombait sur le nez, demandait à un de ses compagnons, maçon comme lui, de lui enlever ce plâtre d’un coup sec de sa truelle. Son compagnon s’exécutait, presque sans regarder, sans viser, la lame de la truelle sifflait dans l’air, enlevant le petit morceau de plâtre. Le plâtrier n’avait pas bougé, n’avait même pas tressailli.

Un prince en fut informé de ce tour d’adresse. Il fit venir le maçon et lui demanda d’essayer, devant lui, de renouveler son exploit.

Le maçon lui répondit :

– C’est impossible. Je regrette.

– Et pourquoi ?

– Parce que le plâtrier qui me demandait de lui enlever le plâtre est mort. Et je n’ai plus personne en qui je puise avoir confiance.

Extrait de Contes philosophiques du monde entier, le cercle des menteurs 2, par Jean-Claude Carrière (Plon, 2008).