
« Hé ! Voici lhomme aux rêves ! Profitons-en pour le tuer. [ ] On verra bien alors si ses rêves se réalisent. »
Genèse, 37,19-20
« La politique sans pouvoir », tel est le titre du dernier ouvrage de Bernard Castagnède, professeur de droit public à lUniversité Paris-I Panthéon Sorbonne, ancien député européen, vice-président du Parti Radical de Gauche.
Dans ce livre publié en mars 2007 aux Editions du Seuil, lauteur fait, dentrée, ressortir : « Dans la pensée occidentale, la politique est inséparable du pouvoir. Elle est une lutte pour la conquête et la conservation des moyens, pour un ou quelques-uns, dimposer aux autres les conditions de leur existence et de sapproprier les avantages que confère la domination. » Lobservation de Bernard Castagnède est dautant plus pertinente quà léchelle mondiale la politique apparaît pour lhomme politique comme occasion de se doter de pouvoir(s). Et Castagnède de considérer que, contrairement à cette vision injuste, le salut de lhumanité viendra de lexpansion progressive du pouvoir de la loi en tant quexpression, dune part, du pouvoir de représenter, de légiférer, et dautre part, du pouvoir dapplication du légiféré. En fait, Castagnède fait lapologie de la démocratie et de lÉtat de droit à étendre irrésistiblement, selon lui, à léchelle du globe
En réalité, il est plutôt nécessaire que tout homme de bonne volonté prenne sur soi de démystifier lopinion largement répandue tendant à faire admettre que « démocratie » et « droits de lhomme » sont de la même sève. Deux conditions pour réconcilier « démocratie » et « droits de lhomme » :
1. La démocratie doit être non pas lexpression de la volonté de la majorité, mais bien laction par laquelle la minorité ne simpose pas à la majorité, en même temps que la majorité ne simpose pas à la vérité. Exemple : lorsque quatre personnes sur dix affirment que deux et deux font cinq, les six autres doivent faire un rappel à lordre ; lorsque six personnes sur dix affirment que deux et deux font cinq, les quatre autres doivent entrer en résistance
2. La loi doit cesser d être le produit dun processus de « légifération », et (re)devenir loi naturelle fondée sur le respect du bon sens ; ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Bref, l’on doit souhaiter non pas le triomphe dun État de droit, mais plutôt dun État droit.
De façon générale, lédification dune culture de désaffection à légard de toute instance de domination, de tout instinct de pouvoir, est la véritable condition de salut. Mais la tâche est bien éprouvante. Elle exige une prise de conscience individuelle particulière. Avec tous les risques que cela comporte pour lindividu éclaireur. En effet, lorsquil ose défier lobscurantisme, rejeter la compromission, mépriser les titres, les honneurs et largent, lindividu humain devient gênant ; il na plus droit quà assumer son chemin de croix : il assemble contre soi tous les pouvoirs, Ponce-Pilate, mais aussi Anne et Caïphe.
Huenumadji AFAN
A suivre !
A consulter également, le blog de Bernard Castagnède:
http://www.radicale-attitude.net/