La guerre de Brazzaville (1998) vue par Issangh’a Mouellet

J’ai récemment cassé l’écran de mon ordinateur portable dans des circonstances indignes d’être dévoilées. En essayant de prendre des devis pour son remplacement, je me suis souvenu d’un jeune homme qui m’avait une fois dépanné à Bordeaux, Serge Issangh’a… j’avais perdu son numéro de téléphone, mais le réseau africain reste le reste africain.

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J’ai récemment cassé l’écran de mon ordinateur portable dans des circonstances indignes d’être dévoilées. En essayant de prendre des devis pour son remplacement, je me suis souvenu d’un jeune homme qui m’avait une fois dépanné à Bordeaux, Serge Issangh’a… j’avais perdu son numéro de téléphone, mais le réseau africain reste le reste africain. Une journée de recherche plus tard, j’avais retrouvé Serge. Lequel, comme un chef, a sauvé mon ordi, véritable objet d’art signé du peintre togolais Joseph Amedokpo. Merci Serge.
Mais bon, vous vous doutez bien que je n’écris pas ce billet juste pour raconter ma vie de casseur d’ordi et d’africain ami des réseaux ! En fait, il s’est fait que Serge m’a offert à la fin de la réparation, un livre signé par son frère, jeune auteur congolais encore inconnu, ISSSANGH’A MOUELLET WA INDO. Dans ce livre au titre peu commode (Fuir Brazzaville-Sud, otages des milices, Paris, L’Harmattan, 2005), le jeune auteur qui a effectivement vécu la guerre à huis-clos du Congo Brazzaville entre le 18 décembre 1998 et le 27 décembre 1999, tient son journal des événements malheureux qui ont vu sa vie brisée, sinon transformée à jamais. En lisant ce journal, je pensais à Emmanuel Dongala, autre écrivain congolais ayant vécu le même drame, mais ayant eu plus de chance que le jeune Issangh’a Mouellet. Ecrire la guerre de Brazzaville, Dongala aussi vient de le faire dans son dernier roman, Photo de groupe au bord du fleuve (Actes Sud, 2010), mais la différence entre les deux livres tient à celle qui sépare la fiction du journal quotidien. Un fait me frappe et me secoue à la lecture du journal d’Issangh’a Mouellet : la lutte pour se nourrir chanque jour, et surtout l’obligation de continuer à marcher. Les deux actions apparaissent terriblement mécaniques, car on mange et on marche juste pour ne pas mourir ; on escalade des montagnes le ventre acide, sans savoir où l’on va, mais en sachant que derrière soi la mort rôde ! Je n’ai jamais connu la guerre, et je ne le souhaite pas, mais on se sent nerveux en lisant ces pages terribles où les hommes trahissent les hommes dans la fuite, où le seul ami et confident de ces journées noires vous lâche quand il ne le faut pas.
Fuir Brazzaville-Sud, otages des milices n’est pas un roman, lisez-le, vous y découvrirez comment les politiques imposent à de pauvres citoyens sans ambition politique la guerre comme expression de leur manque d’imagination tout court !

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