

Au moment où commence donc cet énième dialogue, je me pose des questions sur notre capacité à faire semblant. Doublement semblant. Primo: qui peut croire que les intérêts d’une classe politique sont complètement divergents? L’accès au pouvoir, ambition légitime quand on se sait porteur d’un projet, oblige à tellement de subterfuges et de postures que l’on serait naïf de croire qu’il y a un camp qui serait vertueux et l’autre bourré de défauts, même si les défauts des uns sautent trop aux yeux après 39 ans de règne! Secundo: la preuve même que les intérêts des politiciens ne sont pas si dissemblables que cela, c’est le soin qu’ils mettent à choisir les auxiliaires de leur projet secret. L’exemple qui me met en boule, dans le cadre du dialogue national au Togo, c’est celui de la cooptaion des membres de la société civile. Peut-on continuer à faire semblant longtemps, alors qu’on prône une volonté d’avancer? Qui est société civile au Togo, qui ne l’est pas? On remarquera simplement le clonage parfait des individus adoubés à cet effet, doublons d’une classe politique qui a peur d’avoir du courage!
Courage de punir, par exemple, les modèles négatifs du passé, ceux dont les noms figurent dans le dernier rapport des Nations-Unies, et qui n’ont pas l’intention de fuir au Nigeria comme Charles Taylor. Car le vrai changement au Togo, pays violent, mais violent, commencerait par la fin de l’impunité. Redonner confiance aux citoyens dans la capacité de l’Etat à faire justice à tous, c’est à ce changement de mentalité que nous aspirons depuis bientôt 40 ans. Ce changement de mentalité, je crois, devrait être la finalité du dialogue qui vient de s’ouvrir à Lomé, au lieu qu’on nous bassine avec l’objectif platement matériel de la reprise de la coopération avec l’Union Européenne. L’économie togolaise devrait-elle redémarrer avec des amnésiques ou des revanchards introvertis?
Je cherche des poux sur un crâne rasé? Dans ce cas laissons les cheveux repousser et reprenons l’observation de la toison capillaire. Mon Dieu, je dis ça, mais qu’est-ce que j’ai envie que quelque chose se passe enfin dans ce putain de pays auquel je n’arrive pas à tourner le dos.
Vu du Togo, pays où l’exercice de la démocratie ressemble plutôt à une parade de bêtes sauvages, ce qui vient de se passer au Bénin du Général Mathieu Kérékou (l’ancien) et de Yayi Boni (le nouveau, 1ère photo en haut, ami dit-on de Faure Gnassingbe) devrait nous inciter à plus de lucidité.