
La poésie mattire de plus en plus ces jours-ci. Pas lécriture, non, sa consommation. Ainsi me suis-je plongé dans le premier recueil de poésie signé sèchement Koffigoh, ancien Premier Ministre togolais. Un recueil très lisible, dont lessentiel des poèmes a pour cadre la Côte-dIvoire. Le titre, dailleurs, est un indice, Lépopée des Eléphants (NEI/CEDA, 2010.) Selon lauteur, le premier à lui en avoir suggéré la publication est le Président Laurent Gbagbo. Lamitié des deux hommes est vieille, Koffigoh a fait une partie de ses études en Côte-dIvoire, et na jamais mesuré son soutien à lopposant Gbagbo, lorsque feu le Président Houphouët-Boigny envoyait, fréquemment, celui-ci en prison. Ceci explique-t-il cela ? Cela, ce sont ces innombrables vers qui célèbrent « Woody » (Gbagbo) et son épouse Simone. On peut soupçonner le poète de flatterie, mais à bien y réfléchir, on se dit que la vérité doit être ailleurs. Le poète connaît, pour lavoir enduré, la dureté de la vie politique. Cest de source autorisée quil parle et décrit Gbagbo en Guillaume Tell ! Chacun se fera son idée à la lecture du recueil. Jamais en défaut de sincérité, Koffigoh, et espiègle en diable. Tenez, quand il raconte comment les chars de larmée togolaise lont encerclé dans sa primature, pendant quil attendait le secours promis par François Mitterrand :
« Les chars hideux de la nuit chargèrent dès laurore
Capitaine Epou, le brave, fit front sans renfort.
Mitterrand promit secours, et monts et merveilles,
On sut bien plus tard quaux autres, il promit pareil.
Son corps expéditionnaire aima Cotonou,
Ses piscines, ses demoiselles aux cris de minous ( )[Aux victimes du trois décembre, p.75]
Un épisode aussi sanglant de lhistoire politique du Togo brossé en ces termes-là, jadhère. Lhumour de Koffigoh est de cet acabit. Sa poésie patriotique, en ce sens quil a les accents d’un dernier des Mohicans : elle croit, contre vents et marées que le Togo vivra, tout comme lAfrique. Un pari poétique, qui entretient le rêve !