
Et homme de lettres, Gerry Taama lest. Il affiche sa passion pour Steinbeck, Hemingway, doù ce choix, pour son premier roman, dune écriture classique au service dun récit où le maître mot demeure laction. Parcours de combattants se déroule en partie dans un univers que lauteur connaît bien, une région en guerre quadrillée par des forces militaires de tous ordres et des humanitaires de tout poil. Dès le premier chapitre, le vocabulaire confirme la familiarité de lauteur avec cet environnement-là. Mais là nest pas le plus important, peu importe que vous sachiez ce que signifie exactement une « offensive du têt », lhistoire est là qui vous happe, palpitante et perpétuellement surprenante. Les personnages aussi, le madré Ba, cynique et brillant en subterfuges pour sauver contre son gré la fille du Prof. Bitimuku, Aurore, la fille du Prof, qui na quune obsession, faire payer à Ba ce quelle croit être le meurtre prémédité de son père, le naïf (oh vraiment le naïf) Jérôme, officier de renseignements français, et une inévitable portugaise dont le rôle sera capital dans les divers dénouements que lhistoire connaît. Je dis divers dénouements, car comme dans tout bon roman daction, les faux dénouements abondements, comme autant de haltes avant de replonger dans le maelstrom des passions.
Et le dénouement final, que je ne vous raconterais pas, laisse un amer goût dinjustice chez le lecteur : quel est ce romancier qui laisse mourir ceux qui ne le doivent pas ? Courez lire Parcours de combattants, que du bon, du costaud, pour ceux qui aiment les histoires simples et bien enlevées.
Tout comme Yasmina Khadra sest révélé au fil de ses romans plus quun officier uniquement au fait des murs du milieu qui la formé, mais un véritable écrivain capable de nous promener dans divers univers, jai le sentiment que Gerry Taama est en route pour une carrière littéraire qui risque de nous étonner. Allez, mon lieutenant, ardeur et patrie pour renforcer le rayonnement mondial de la littérature togolaise !