Cela fait presque une semaine que je circule à Montreux, dans les couloirs du 13e Sommet de la Francophonie. Cela fait le deuxième Sommet auquel je participe, depuis celui de Québec en 2008. Et cette fois-ci, ce qui était intuition chez moi est devenu confirmation dun sentiment partagé par la plupart des délégués africains : lAfrique ne défend pas la langue française, elle lutilise, point. La défense et illustration dune langue nétant point un projet politique, cela fait longtemps que le vieux rêve de Senghor (rêve subtil au demeurant, tant lhomme était malin même dans son « utopie ») a pris des allures autres. Quelque part, pour les Africains, quils soient du Togo ou du Ghana (pays observateur!), le vrai défi reste comment transformer
la Francophonie, cette communauté aux contours à la fois linguistique et politique en instrument et outil de développement. Cela a du sens. Léducation en français est un biais, même si de plus en plus, les Africains en appellent au respect de leur bilinguisme. Pendant que jécrivais cet article, une déléguée du Burundi travaille à mes côtés. Un Français lui demande si ses enfants lisent le Français. Non, répond-elle. « Vous nen voulez pas ? » Non, répond-elle, lAnglais aussi est une langue africaine. Et elle décroche le téléphone, et se met à parler en kinyarwanda. Au fond, cest cela lAfrique de demain, me réjouis-je intérieurement, décomplexée, un peu comme la Suisse aux 4 langues où nous trouvons. Le temps du Sommet, la langue nous rassemble.
Lidéal francophone serait donc quoi ? Lacceptation duvrer au sein dune communauté qui ne fait pas de la langue française un fétiche mais un instrument pour uvrer au développement par la culture, plus de démocratie, plus de bonne gouvernance. Il est heureux de voir quà chaque crise dans lespace, désormais lexclusion des Etats fautifs se fait sans trop détat dâme. Il faut espérer les Francophones plus heureux et plus développés !