

Je ne sais pas ce qu’il évoque pour vous, Franco, mais au plus profond de moi, ce prénom simple qui résonne dans ma tête chaque fois que je m’assied pour travailler les dialogues de ma nouvelle pièce, me rappelle le plus grand héritage que j’estime avoir reçu de mon pater: l’amour de la rumba congolaise, qui alla de pair avec l’amour des femmes, forcément, avec qui vouliez-vous que je danse! Si je devais vous raconter les surprises-parties où nous réclamions de force au DJ le « Mario » du Maître, ou « Coopération », son duo avec Sam Mangwana. Toujours prendre soin de regarder sur la pochette du vinyle la durée du morceau, ne jamais choisir un titre qui fait moins de 10 minutes, quel que fût sa beauté, la richessse des arrangements. Franco, pour nous, c’était d’abord une question de souffle, dans le creux des épaules de nos « cavalières ». Et plus c’était long, plus c’était bon! En grandissant, ces soirées de folie et d’éducation sentimentale allaient laisser place à une véritable écoute, une vraie redécouverte. Et là, surprise. Même sans comprendre le lingala, la magie opérait toujours, à travers le claquement des cordes de la guitare du Maestro, claquement nettement différent de celui de l’autre sorcier, le bon « Docteur Nico ». Aujourd’hui, quand même, j’ai accès aux textes des paroles de beaucoup de chansons de Franco. Et ce que je découvre, c’est que cet homme qui aimait la bagarre aimait aussi les femmes (beaucoup, oui, vraiment, je crois aussi), et savait chanter le romantisme et la sensualité des choses de l’amour. Nous n’étions pas dupes alors, ces choses-là n’ont pas besoin de langue maternelle, la grammaire de l’amour n’a de syntaxe que la pulsion intime qui donne une logique à nos incohérences. Le temps passe, Nzonzi attend toujours ma pièce: ‘Tu l’auras », je lui réponds tous les trois mois. Et j’écoute toujours le Maître, et je ne m’en lasse pas!
Juste, pour terminer, partager avec vous un son, celui d’un morceau de Franco avec Feruzi et l’OK Jazz Band (Siluwangi Wapi Accordeon):
05 Siluwangi Wapi Accordeon.wma
et la toute première phrase de Franco Tout Puissant:
« A-t-elle jamais rien compris à la peine, cette infirmière? Ce qui manque le plus quand la douleur vous ploie: une femme, l’amour d’une femme, au creux de l’être entier ».