1. Toujours relire les contrats!
Pendant l’été, les compagnies aériennes savent nous rendre chèvres et démunis face aux clauses obscures de leurs contrat de voyage. D’ailleurs, je me demande combien de gens lisent ces contrats quand ils achètent un billet d’avion? Pas moi en tout cas. Et c’est la raison pour laquelle je me suis retrouvé piégé à Casa, dans une salle de transit où tout est fait pour exploiter le pauvre voyageur, de la parité 1 dirham = 1 euro = 1 dollar = 1 yen = …, jusqu’au manque de bureau de change, puisque 1 dirham est justement égal à tout. Sacrés Marocains!
Casa, 13h30 ce jour-là. Quand l’avion atterrit, je me dirigeai normalement vers le servie hébergement de la Royal Air Maroc. Sur mon chemin, cependant, se trouvait le service immigration. « Vous êtes de quelle nationalité? » Togolaise, répondis-je, et j’eus droit à quelques blagues complices sur les prouesses des Eperviers du Togo à la Coupe du Monde 2006, puis l’on me dirigea vers le bureau du chef, qui m’écouta à peine, et me signifia que j’aurais dû prendre un visa de transit chez moi avant de monter dans l’avion. Ce qui est vrai, sauf qu’à l’agence de la RAm à Bordeaux, on m’avait tenu un discours différent. Et me voilà de retour au bureau d’accueil de la RAM, où l’on m’expliqua qu’à Bordeau on m’avait raconté n’importe quoi, bref qu’il n’y avait rien d’autre à faire pour moi qu’attendre. Arrivé à 13h30 à Casa, j’allais passer presque 10h dans une salle de transit, alors qu’on m’avait promis un repos à l’hôtel. Les voyages forment la jeunesse! Le plus drôle dans les situations d’injustice, c’est l’attention portée au lois par ceux qui sont censés les appliquer. J’avais bien cru comprendre, suite aux explications du chef des flics, que le Maroc avait récemment modifié les règles du transit des voyageurs dans ses aéroports, et que désormais on ne délivrait plus de visa de ce type à l’aéroport, à qui que ce soit, fût-on togolais qualifié au Mondial ou admirateur du roi Mohammed V! Quelle ne fut donc ma surprise quand, juste au moment où je commençais à me préparer psychologiquement pour accepter mon sort, e voir arriver une pimpante citoyenne des Etast-Unis d’Amérique, à qui on exposa la même chose, et qui refusa d’admettre la réalité des choses, fulmina, menaça, roula des fesses et des yeux… bref, finit par suivre le flic dans son bureau d’où elle ressortit quelques minutes plus tard avant de disparaître, sous mes yeux ébaubis, derrière le cagibi des contrôles, direction le service d’hébergement de la RAM et l’hôtel, certainement, pour un repos mérité. Sacrés flics marocains!
2. Mêmes flics, même combat.
Ouaga, le lendemain, 4 h du matin. Dans la file pour les formalités de police, un blanc, devant moi, sort son passeport burkinabé. Scène étrange et rare pour le policier, peut-être? Je ne sais, en tout cas, il n’a pas l’air content de la situation. « Vous n’avez pas l’autre passeport? » demande-t-il au blanc. « Mais je suis burkinabé, monsieur », répondit le blanc. « D’accord, reprit le flic, mais où est l’autre passeport? » Le blanc sourit puis tendit son « autre passeport ». Délit de faciès, ne puis-je m’empêcher de penser. Au fond, à quoi sert-il d’être citoyen d’un pays, s’il faut encore prouver sa nationalité par la couleur de sa peau? « Revenez demain payer le visa, avec 3 photos. Bonne arrivée, monsieur, merci ».
Le burkinabé blanc en question s’appelle Blaise Patrix, il venait de Bruxelles pour une formation dans le même festival que moi, il est plasticien et scénographe et depuis peu mon voisin de villa. On n’a pas fini de se marrer!
3. Les rumeurs des femmes: Gossip, ragots, commmérages. Je suis à Ouaga, au Jardin de l’Amitié, un bar place des Nations-Unies. La serveuse a un prénom de paquebot de croisière: Franceline. De temps à autre elle vient s’asseoir près de sa copine Pascaline, venue lui dire bonsoir avant de rentrer chez elle, « mon oeil! » Quand les femmes jugent leurs semblables, c’est toujours avec tendresse et violence, autant dire qu’elles ne font pas dans la dentelle mais ne tombent pas non plus dans la caricature. La jeune fille assise dans un coin avec le très vieux blanc est l’objet de l’attention de la serveuse Fraceline et de sa copine Pascaline. Le trsè vieux blanc, raconte Franceline, change de conquête toutes les semaines, mais la fille qui l’accompagne ce soir serait vraiment la plus jeune qu’il ait jamais levée. 15, 16 ans? Ses hormones ont dû s’affoler tôt, car elle a un beau corps de femme-enfant. Elle sait qu’on la regarde, qu’on parle dans son dos, mais elle n’y peut rien. Le vieux blanc, d’au moins 40 ans son aîné, lui caresse les mains qu’elle essaye de planquer sous la table. « Hé, Franceline, tout le monde cherche son blanc mais un vieux blanc comme ça, même cadeau je ne veux pas, c’est trop! » Franceline semble plus clémente: « tu veux qu’elle fasse quoi? Mais quand même, tu dis que t’as un gars, on dit où il est, et tu sors un vieux machin comme ça! » Rires à n’en plus finir. L’orchestre joue « Capri c’est fini ». Le charme des chansons rétro dans les bars africains. Trop fatigué pour danser, j’encaisse, et laisse les émotions m’envahir. Il est temps d’aller se coucher peut-être! Demain, j’ai rendez-vous avec Monique Ilboudo, romancière et ministre de la promotion des droits humains (pas des droits de l’homme, nuance?). Dommage qu’elle ne s’occupe pas de la condition féminine, j’en aurais eu des choses à lui raconter.