

Sous forme d’une émision télé, l’événement possède cette originalité de mélanger littérature et musique, le tout soutenu par des annonces publicitaires intercalées entre les auditions des candidats. Dix minutes de concentration et de lecture, les textes des catégories junior et sénior sont distribués à toute la salle du Palais des Congrès, et les candidats planchent en direct sur le plateau, où le jury les observe. L’une des candidates, Séraphine, élève au lycée militaire de jeunes filles de Natitingou (photo ci-contre), a le trac, dans son bel uniforme de cadet de l’armée. La musique pour passer le temps plonge l’auditoire dans une ambiance studieuse. Les caméras de l’ORTB tournent à plein régime. Florent Couao-Zotti, un des membres du jury, regarde sa montre, pressé de torturer les cadidats (?). « Encore une minute de lecture », lance Kakpo Mahugnon, le deuxième membre du jury. Le Palais des Congrès retient son souffle. « La lecture est terminée »! L’animatrice réapparaît et la musique s’arrête. Deux des candidats sont priés de quitter le plateau, il en reste un seul à son pupitre. L’audition pour la finale de Lu Pour Vous, catégorie junior peut commencer, avec le compte-rendu critique en cinq minutes du texte écrit par Gisèle Pineau, « Garde du corps ».
Impossible de résumer les critiques des candidats. Il y a eu des moments de fous rires, notamment avec Séraphine et ses digressions sur « la gazelle Naomi Campbell », dont le nom, rassurez-vous, ne figure pas dans le texte de Gisèle Pineau. Il y avait quelque chose de touchant à voir les candidats se battre avec le trac, allant jusqu’à « économiser le temps », comme dirait Couao-Zotti, guoguenard. Même dans les erreurs d’interprétation, on sentait un investissement sincère. Lire un texte en public, en parler aux autres sans les saoûler n’est pas un acte facile. Et ce concours l’illustre, avec ce pari fou, former les lecteurs de demain, donner envie de lire tout simplement. Personnellement, je pense que le jury s’est trompé pour le premier prix de la catégorie junior; sentiment d’ailleurs partagé par la salle qui a bruyamment manifesté son désaccord. mais la fête fut belle, et les trophées à la mesure de l’événement: lecteurs DVD, téléviseurs, un billet d’avion, des paquets de livres, etc, la moisson 2006 restera dans la mémoire des candidats et aussi celle des écrivains invités. Des événements littéraires de cette envergure sur le continent, on en redemande.
Merci Djamila!
P.S. Voici le texte que j’ai écrit pour le concours. Cliquez dessus pour accéder au contenu. Bonne lecture. Texte alemCotonou_concours.pdf