J’avais envie de partager avec vous quelques disques récemment achetés. Le premier CD, un double album intitulé « When the revolution comes »(REV-OLA-1970-71), est signé The Last Poets, groupe mythique de la musique afro-américaine, formé le 16 mai (jour anniversaire de la naissance de Malcom X) 1969. Pour beaucoup, ces derniers poètes autoproclamés (allusion à un poème du sud-africain Willie Kgositsile) furent aux origines de la radicalité du rap à venir, voire même constitueraient un modèle important pour comprendre l’émergence des chanteurs populaires à message dans l’Amérique des droits civiques. Rien que d’écouter ce disque, on peut comprendre: paroles révolutionnaires, regard au scalpel sur la société blanche US et moqueries au vitriol sur leur propre communauté. Et l’on vous aura prévenu: « Si vous êtes blanc, ce disque va vous faire chier de trouille. Si vous êtes noir, ce disque va terroriser le nègre qui est en vous. »
Le deuxième disque, « A Lover’s question » (Label Bleu, 1986) est plutôt rare. Il est signé David Linx et James Baldwin, oui Baldwin le romancier, l’essayiste, alors âgé de 62 ans! Le blues, on le sait, fut le terreau des livres de Baldwin, souvenez-vous: Go Tell It on A Mountain, Blues for Mister Charlie… Mais de là à ce que l’écrivain se prenne pour James Brown ou quelque prêcheur de Harlem! Ce qu’on a ici est une sorte de chanter-parler, le testament désespéré pour un pays que le romancier n’a pa pu changer, et qui lui fait dire: « J’aimerais me servir du temps qui me reste pour changer le monde, pour enseigner aux enfants ou transmettre aux gens qui ont des enfants l’idée que tout ce qui vit est sacré. J’espère convaincre qu’un langage nouveau est concevable et une nouvelle morale, dans la manière de regarder le monde. » Et vous, qu’allez-vous faire du reste de votre temps?
Si vous n’en savez rien, allez écouter le dernier « Last Poet » JALAL, accompagné par Archie Shepp le 9 septembre au Cabaret Sauvage à Paris. Ou mieux encore, AMIRI BARAKA le 7 septembre toujours au même endroit.