Avec ou sans la carte du parti…

cdpa.jpgLe mardi 24 Avril 2007, à 17h 30 au siège de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), j’ai enfin officialisé mes liens avec le parti du Professeur Gnininvi, et ce en présence de deux de mes plus vieux amis, Raymond Awokou, et Hilaire Logo Dossouvi…

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cdpa.jpgLe mardi 24 Avril 2007, à 17h 30 au siège de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), j’ai enfin officialisé mes liens avec le parti du Professeur Gnininvi, et ce en présence de deux de mes plus vieux amis, Raymond Awokou, et Hilaire Logo Dossouvi, ce dernier fraîchement rentré du Canada et déjà plongé dans la préparation de la campagne pour les législatives de juin 2007 (enfin, si la CENI maintient la date, inch’Allah !). Désormais, les gens peuvent le dire ouvertement, Kangni Alem appartient à la CDPA, ce qu’ils ont toujours proclamé, cependant que je n’étais qu’un simple sympathisant durant toutes ces années de la lutte pour l’avènement de la démocratie au Togo. Récemment encore, chaque fois que j’essayais d’approcher certains cercles du pouvoir avec mes idées, on se faisait un plaisir malin de me demander si le Professeur Gnininvi était au courant de mes démarches. J’avais beau préciser que la sympathie pour un homme et son parti n’était pas synonyme d’encartage, peine perdue, pour beaucoup de gens je ne faisais que fuir un débat qui pour eux était tranché depuis. J’étais bel et bien membre de la CDPA. Mes rapports avec le parti remontent à 1990, à travers la fréquentation de quelques amis fidèles qui en étaient plus ou moins proches, Hilaire, Raymond, Doglo, Ahadji, Efoui, Kpadé, Koussawo…, et puis aussi les Professeurs Gnininvi et Martin Aduayom. L’époque était propice aux discussions sans fin, à l’invention des stratégies pour saboter, par une prise de parole critique et protestataire, le système de la dictature du parti unique. Mes interlocuteurs étaient à la mesure de ma conscience politique naissante. Ils n’étaient pas que de la CDPA, puisque pendant longtemps j’ai fréquenté aussi de grands amis intellectuels d’autres partis, Bodelin, Afan, Apedo-Amah du CAR, par exemple, Kofi Dohnani de l’UFC, et j’en passe. Nous n’étions pas des cancres, comme nous aimions le proclamer, pas question donc qu’on délaissât aux cancres qui croyaient nous gouverner le monopole de la parole. Notre premier système défensif, durant ces années où nous écumions le campus et les bars interlopes de Lomé, ce seront les tracts, que nous fabriquions et distribuions au sein d’un réseau très cloisonné qui finira par être démantelé grâce à l’infiltration des taupes, des amis retournés pour la plupart, comme un certain Kalépé, renversé mystérieusement par un camion militaire après avoir rendu service à la dictature. L’époque était dangereuse mais notre passion et notre inconscience nous ont protégés, d’une certaine façon. Et surtout, l’époque n’était pas encore partisane. Chacun avait sa sympathie pour un parti, mais quand nous nous retrouvions nous n’avions qu’un parti et le même objectif : la lutte pour la démocratie et le démantèlement de la dictature militaire. La preuve, quand naquirent les premiers journaux privés au Togo, j’ai mené l’aventure de la presse avec des amis comme Jean-Pierre Fabre de l’UFC, au sein de La Tribune des démocrates, puis Adjé Kpadé au sein de La lettre de la Nation… On m’a même soupçonné un temps d’appartenir à l’UFC, d’être olympiste, ce qui aux yeux de certains cancres constituait une tare. À la vérité, j’ai longtemps mené ma barque comme bon me semblait, et quand plus tard j’ai rejoint l’équipe du MO5, le Mouvement Patriotique du 5 Octobre, avec Tavio Amorin et d’autres amis de lutte, ce fut en toute indépendance, et sans la bannière d’un quelconque parti. Pourquoi donc, me demanderez-vous, avoir finalement rejoint la CDPA ? Certains trouveront naturel ce choix. Le parti traîne la réputation d’être un club d’intellectuels et d’universitaires, et j’en suis un, donc… Non, je crois que ce serait trop simple comme explication à ma décision, surtout que je ne sais pas toujours ce que les gens entendent par « intellectuel », l’organique ou le communautaire ? Non, ce serait trop simple. Une heure avant de remplir le formulaire, j’étais encore dans le bureau de Raymond à la fac, au premier étage de l’Institut National Supérieur d’Éducation. Pendant presque une demi-heure, nous avons refait le bilan de notre parcours, et la conclusion à laquelle nous sommes arrivés était que, passé le temps de la démarche critique, il était important de préparer l’avènement de la parole critique au sein des partis politiques eux-mêmes, puisque ces derniers sont censés être les organes essentiels de la prise et de l’exercice du pouvoir. Or notre génération n’a pas le pouvoir, et ne l’a jamais exercé. Elle s’est trop vite dispersée aux quatre vents, et le retour pour la plupart de ses membres relève de l’utopie, même si ces derniers temps beaucoup ont fait croire qu’ils allaient revenir, et qu’il y a eu deux ou trois retours effectivement ! En plus, cette génération à laquelle j’appartiens souffre du déficit d’abandonner à la moindre contrariété l’espace politique à ceux qui font profession de politiciens, et qui se servent des appareils de parti pour se hisser sur les listes électorales, et à travers cs listes aux postes de ministres et aux nominations comme membres des conseils d’administration. Notre mépris de ces stratégies de positionnement par le biais de l’appartenance à un parti n’a-t-il pas été longtemps notre talon d’Achille ? Ce raisonnement, tout à fait impulsif, oui, nous l’avons pratiqué pendant presque 17 ans… l’heure n’était-il pas venu d’un autre apprentissage, laborieux et patient, celui de l’exercice de la pensée au sein d’une structure dont on connaît le programme un tant soit peu ? Et il se trouve que le parti dont je connais le mieux le programme, c’est la CDPA. Logiquement, donc je l’ai rejoint, et je l’espère pour longtemps.